Culte de la Rive Noire - RP

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    Le Marcheur du Vide [ZEELIG - ou comment commencer à dominer le Néant Distordu]

    Zeelig
    Zeelig
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    Le Marcheur du Vide [ZEELIG - ou comment commencer à dominer le Néant Distordu] Empty Le Marcheur du Vide [ZEELIG - ou comment commencer à dominer le Néant Distordu]

    Message  Zeelig Ven 27 Aoû 2010 - 19:02


              Bonsoir ! C'est encore moi !

              J'ai un autre petit texte à vous présenter. Zeelig s'étant lancée sur les voies de la démonologie, elle a bien vite été amenée à côtoyer le Néant Distordu, celui d'où est venu tant et tant de mauvaises choses pour Azeroth. Voici le récit de cette aventure qui permit à Zeelig d'avoir un premier démon sous son contrôle (dans les faits, il s'agit de la quête « le lien » donnée par Gakin dans les sous-sols de l'Agneau Assassiné.



              Les cadavres fumants de Caledon et de ses sbires étaient déjà du passé. Pour l’heure, Zeelig n’avait cure que de ses pieds gonflés et douloureux. Ces bottes qu’un Nain de sombre réputation lui avaient vendues n’étaient ni magiques, ni même à la bonne taille. Leur seul effet était de faire enfler les pieds de celui qui les portait de manière prodigieuse. Et cet effet était démultiplié lorsqu’on devait couvrir de longues distances en courant. C’est pourquoi la démoniste était maintenant assise sur un ponton moisi et faisait tremper ses pieds dans la rivière, en essayant de ne pas trop regarder l’orée du bois de la pénombre, sur la rive d’en face. Elle se laissa basculer en arrière et s’allongea, le temps que la fraîcheur de l’eau rende à ses orteils un aspect plus humain. Le soleil toujours chaud d’Elwynn était un vrai bonheur pour celles et ceux qui avaient le temps d’y prêter attention ; ce qui n’était pas vraiment le cas de Zeelig aujourd’hui puisqu’elle était censée être en mission. Laquelle était achevée, certes, mais son commanditaire n’en avait pas encore été averti. Elle le ferait, dès qu’elle serait de nouveau en état de marcher. Son butin était enroulé autour de son poignet. Rangement incongru pour une écharpe, elle en convenait, mais l’effet étrange, sournois et pourtant bienfaisant qu’elle en ressentait était tout à fait agréable. Elle n’avait pas conscience du risque qu’il y avait à utiliser un artéfact magique sans en connaître toutes les vertus, ni les vices. La démoniste avait souvent pour habitude de se fier à son instinct et son sixième sens, lesquels lui indiquaient tout simplement que porter cette écharpe à son poignet donnait à son bras une force inconnue et bienvenue.

              Un craquement sinistre la fit sursauter et une nuée de moineaux s’envola du bois de la pénombre. Une onde se propagea dans l’eau, l’obligeant, par réflexe, à en retirer ses pieds. Il était temps de rentrer en ville avec l’objet de sa quête. Tandis qu’elle rechaussait ses bottes, elle se fit la réflexion qu’elle devrait rapidement faire l’acquisition d’un cheval. Elle se faisait toujours cette réflexion en pareils moments. Elle couvrit la distance en près d’une heure, avec la démarche d’un murlock en phase finale de déshydratation.

              Hurlevent sortit des arbres et de la brume comme à son accoutumée : subitement, sans se laisser deviner et comme si une barrière magique la cachait à tous ceux qui étaient encore sous la frondaison de la forêt pour ne la révéler qu’une fois dans la clairière. Zeelig en franchit les gigantesques portes et passa sous le regard des anciens héros disparus. Chaque fois, elle ressentait la même chose : le souvenir perdu d’un champion victorieux qui rentre au pays en triomphant. C’était à se demander si les mages de Hurlevent n’avaient pas enchanté ce pont pour que quiconque le franchît partageât cette mémoire d’antan.

              Elle salua respectueusement les gardes postés là, aussi immobiles que les sculptures titanesques qu’elle venait de passer, et entra sur la place des commerçants. L’endroit était plutôt calme puisque le soleil était maintenant passé au-delà de l’océan. Les habitants étaient cloîtrés à l’intérieur de leur demeure, les maisons closes, dont les portes étaient fermées, étaient donc ouvertes et les commerces avaient rangé leur étale. Seul l’hôtel des vente, lieu de perpétuelle agitation, répandait une flaque de lumière vacillante sur le pavé de la place, ainsi que les auberges et tavernes éternelles. La future démonologue se mit en route vers l’une de ces dernières, une taverne toute particulière.

              Lorsqu’elle en franchit le seuil, une odeur de bière et de viande grillée sauta au visage de Zeelig . L’ambiance, le brouhaha général et la densité de population de ce type d’établissement l’avait toujours étonnée, d’autant plus dans ce cas, en comparaison avec la quiétude du parc, quasiment désert. Les sens étaient assaillis, à tel point qu’ils arrivaient tous à saturation. Les yeux de la démoniste n’arrivaient pas à identifier les visages des habitués, les odeurs mélangées de tabac, de sueur et de nourriture passée lui donnaient la nausée. Elle remonta son foulard jusque sur son nez et se faufila entre les vieillard, les ivrognes et les soldats en permission pour s’engouffrer sous une arche de pierre, tout au fond de la salle. Un escalier en colimaçon, froid et humide, descendait vers les sous-sols de l'établissement, comme une hélice sans fin perçant les profondeurs du monde.

              Au bas de ces marches était une cave voûtée baignée de lumière noire et ocre, peuplée d’une décade de magiciens et de démonistes. Il s’agissait là d’un cercle d’études secret, abrité clandestinement par le tenancier de la taverne de l’agneau assassiné. Les démonistes et les adeptes de magie sombre n’étaient pas particulièrement appréciés dans la capitale des Hommes. Même si nul n’ignorait leur existence, les autorités préféraient prétendre hypocritement ne rien savoir de ce genre de lieu de culte.

              « Vous voilà revenue de mission, jeune Zeelig, avec mon écharpe, si mes yeux ne m’abusent pas. » dit une voix chuintante. La démoniste observa le fond de la pièce circulaire, par delà le feu qui brûlait en son centre, et distingua Gakin, l’homme pour qui elle était allée récupérer l’écharpe qu’elle tenait encore enroulée autour du bras. Elle fit le tour du brasier et se tint face au mage. Elle voulut ôter l'écharpe pour la rendre à son propriétaire et encaisser l’argent qui lui était dû en conséquence. Toutefois, aucun de ses membres ne répondit à son ordre mental, comme si son corps faisait sécession avec son esprit. Une lueur de panique passa dans son regard, suivi d’un sentiment de quiétude et d’apaisement tout aussi peu rassurant. En une seconde, elle vit bien des choses en songes, bien des avenirs possibles, et de bien sombres décisions. Pourquoi l’écharpe irait-elle à celui-ci plutôt qu’à celle qui l’avait arrachée à un corps sans vie après avoir livré un rude combat arcanique ? Pourquoi faire le sacrifice de s’en séparer puisqu’elle apporte tant de force et de puissance à son bras armé ? Pourquoi, enfin, obéir à autrui, encore et toujours, pour amasser quelque fortune inutile ?

              Pourquoi s’attacher à un objet avec tant de conviction, jusqu’à l’aveuglement, et risquer de devoir le défendre jusqu’à la mort ?

              La raison revint à Zeelig. Cette question était pertinente, d’autant plus quand c’était la voix de sa mère qui la posait. Fallait-il déjà se faire l’ennemi du monde pour une simple écharpe ? Nombreux étaient les objets magiques de ce monde. Nombreux sont-ils encore. Faut-il tuer tous ceux qui s’en prétendent propriétaires ?

              Zeelig leva sa main gauche à hauteur de son poignet droit et d’un geste d’une grande lenteur, comme si chaque centimètre de son mouvement était le fruit d’un énorme effort de volonté, elle déroula l’écharpe et la tendit à Gakin.

              « Voici ce que vous m’avez demandé de chercher, Gakin, dit-elle d’une voix épuisée, la tête basse.
              
              _ Ne soyez pas honteuse, Zeelig. Vous avez atteint deux buts même si vous n’êtes consciente que d’un des deux seulement, et du moindre. Vous vous êtes arrachée à l’emprise de cette écharpe qui est intimement liée au monde invisible, au chaos. Croyez-vous que c’est un chagrin d’amour, une divergence d’opinion ou une envie puérile de fugue qui mena Surena si loin de moi ? Vous avez réussi là où elle a échoué. Vous avez choisi la voie de la démonologie mais vous avez su rester sourde à la voix de la démonologie. Ceci, peut-être, constitue l’essentiel de votre art duquel j’essaie de me tenir loin. Vous travaillez pour passer maître en cette matière et non esclave. »

              Zeelig observait Gakin, incrédule et inconsciente d’avoir réussi une épreuve qui paraissait si grande.

              « Plutôt que de l’or, vous recevrez un don plus grand, inestimable et plus dangereux encore que la dépendance inhérente à cette écharpe. Vous recevrez l’accès au chaos et puissiez-vous trouver là encore la force d’appeler à vous les démons plutôt que de répondre à leur injonction. »

              Gakin porta l’écharpe à son nez et inspira, d’un air nonchalant, comme il aurait passé ses doigts dans ses cheveux pour se recoiffer ou épousseter son épaulette du revers de la main. De sa main libre, il sortit de sa poche un parchemin froissé et huileux.

              « J’ai recopié cette formule d’un vieux grimoire. Elle permet l’ouverture d’un passage vers l’autre monde, l’insondable, le monde du chaos. De cette ouverture, tel un trou percé dans un sac de sable, s’échappera un flux de magie sombre. Cette énergie, vous devrez la concentrer et la canaliser pour qu’elle vous obéisse. Vous en ferez un esclave de votre volonté. Si vous échouez, ce pourrait être catastrophique. Vous pourriez laisser béante cette porte entre les deux mondes et nul ne peut prédire les monstres qui en sortiraient. »

              D’une main mal assurée, Zeelig prit le document et l’enfouit dans sa besace sans même y jeter un œil.

              « Ce sous-sol a lui-même un sous-sol, plus profond, plus secret, plus proche du centre du monde. Là, vous pourrez dire la formule. Si vous sortez victorieuse de cette épreuve, et tant que vous resterez maîtresse de ce que vous commandez, vous serez une démoniste digne de ce nom ; une démonologue. »

              Zeelig avait la sensation que tous les mages et démonistes présents autour d’elle avaient les yeux rivés sur elle. Elle se retourna doucement et vit qu’il n’en était rien. Chacun vaquait à ses occupations. Seul un petit diablotin asservi la regardait de ses yeux de braises et c’était comme si chacune de ses pensées lui était connue. Elle détourna rapidement les yeux et s’en alla pour les profondeurs de l’agneau assassiné.
    Les escaliers étaient encore nombreux. Jusqu’où pouvaient-ils descendre ? La démoniste crut percevoir une chaleur suffocante émanant des murs-mêmes de ces caves. Elle se refusa de les toucher pour confirmer ses doutes et elle prit garde de ne pas les approcher de trop près. Elle était déjà rassurée de ne pas avoir jeté ses bottes dans l’eau, tout à l’heure ; elle aurait détesté devoir subir le contact de cette pierre chaude sous ses pieds nus.

              Elle fut bientôt en vue d’un cercle d’invocation. Non éphémère, comme l’étaient tous ceux que les démonistes et magiciens de ce monde pouvaient faire apparaître. Il semblait gravé à l’acide dans la roche et la gravure laissait apparaître en dessous une chair arcanique qui pulsait et irradiait comme une peau humaine. Cette chaleur empêchait presque Zeelig d’avancer. Sa peau la brûlait et il lui semblait que son âme aussi était exposée à ce feu dissimulé. Elle sortit la formule de son sac de voyage et la tint devant ses yeux. Elle jeta l’écharpe au centre du cercle et commença à réciter l’incantation. Quand les derniers échos des mots démoniaques vinrent mourir contre la pierre, l’écharpe s’enfonça dans le sol en y laissant la marque parfaite de son contour, comme si elle était passée au travers d’une motte de beurre tiède.

              La lueur qui émanait du cercle d’incantation s’affaiblit sur le tour pour s’intensifier en son centre. Une vibration sourde se répercuta dans les murs et une voix d’outre-tombe se fit entendre aux oreilles seules de la démoniste qui venait d’invoquer une créature du chaos. Le parler démoniaque ne lui était pas encore naturel et elle ne comprit pas les termes qu’on lui adressait. Cependant, comme la formule le lui indiquait, elle répondit Yogh, ce qui signifiait oui. Le démon, dont on venait d’accepter l’invitation en ce monde matériel, s’échappa de ses terres d’origine pour s’infiltrer dans la réalité. Aussitôt, Zeelig se concentra sur l’insignifiante fumée bleue et noire qui émanait du cercle. Tendant une main devant elle, paume ouverte face au démon naissant, elle psalmodia dans les notions de démoniaque qu’elle connaissait pour maîtriser les forces immatérielles. Tandis que le monstre se formait, elle avait l’impression d’enfler peu à peu jusqu’à l’éclatement, jusqu’à la nausée, comme si elle ne pourrait pas contenir toute l’essence chaotique en elle, comme si le démon allait se libérer de son emprise pour prendre son indépendance totale.

              La créature qu’elle invoquait n’était encore qu’à l’état de brume inoffensive sur le plan matériel mais sa force vitale combattait celle de la démoniste. Cette dernière suffoquait. La chaleur qui irradiait était insupportable, l’oxygène avait disparu de cette cave et son corps entier était agité de tremblements. Enfin, elle céda avant que ses os n’explosassent.
              
              Libéré de son étreinte, le démon prit subitement corps. Sa forme était emplie de toute la force qui lui était possible de contenir et il poussa un rugissement qui fut audible jusqu’à la surface du parc de Hurlevent.

              Sans accorder une seule seconde de plus à son ennemi, Zeelig arracha son bâton à son support, dans son dos, et asséna un coup terrible au démon qui avait la gueule encore ouverte. Celui-ci alla percuter le mur sans toucher le sol. Avant même qu’il ne reprît ses esprits, il fut percuté par trois traits d’ombre lancés en hâte. Tandis qu’elle usait de sa magie la plus spectaculaire, la démoniste n’arrêtait pas d’incanter tout bas afin de soumettre le démon à sa volonté. Elle jeta un coup d’œil à la marque sombre qu’avait laissée l’écharpe dans le sol de la cave. Peut-être pourrait-elle refermer le passage et ainsi priver le démon de ses racines. Lequel démon profita de cette seconde d’inattention pour se ruer sur son incantatrice et abattre sur elle ses deux poings dématérialisés. Zeelig s’écroula au sol et son bâton s’envola loin d’elle. Le démon bleuté était presque déjà sur elle, prêt à lui lacérer le corps de ses griffes nébuleuses et pourtant mortelles. Elle dégaina son bâtonnet et un trait rouge orangé fusa en direction de l’assaillant, le percutant en plein cœur. Il garda une marque rouge au point d’impact et battit en retraite pour s’accorder un instant de répit. Zeelig en profita pour incanter de plus belle. De mémoire, elle récita la formule à l’envers en priant de tout son cœur pour qu’elle fût exacte, au phonème près. Le contour de l’écharpe disparut. Le démon était coupé de son monde. Ses racines demeuraient à une distance infinie de lui. Il leva un regard incrédule sur Zeelig qui fut rapide et sans pitié. Elle draina sa force vitale et s’en emplit tandis qu’elle imposait sur lui un contrôle totale. Deux bracelets indestructibles apparurent autour de ses poignets et son sort fut scellé.

              D’une voix d’outre-tombe, le démon se présenta. Il portait un nom dont les sonorités étranges se rapprochaient de quelque chose comme Thangron. Il serait le marcheur du vide de la démonologue Zeelig pour le restant de ses jours. Jusqu’à ce qu’elle-même connût les formes démoniaques, des années plus tard.

      La date/heure actuelle est Ven 18 Oct 2024 - 17:27