Ces points de vue pourraient servir de réflexion sur la façon dont les rôlistes envisagent les paradigmes de leur Jeu.
Les différents apports et mouvances concernant les façon de concevoir le Jeu de rôle sur WOW pourraient être compilés et synthétisés sur des sujets de ce genre, afin de découvrir des consensus qui permettraient de mieux appréhender le Jeu des autres, de mieux se comprendre et partant de mieux s'accepter.
Cela pourrait au moins servir à savoir sur quel pied danser avec tel ou tel rôliste .
Pour contribuer, n'hésitez pas à vous exprimer sur le sujet "Avis sur les [Points de vue]" ici : http://cultedelarive-rp.wowjdr.com/t809-avis-sur-les-points-de-vue .
Chapitre 1 : Vous et le reste de l'univers persistant.
Je passe sur le titre un chouya prétentieux, mais c'est définitivement la forme qu'a vocation de prendre le sujet.
Or donc, cela y est : votre Chevalier de la Mort est passé cercle 80. Vous sentez que ce héros va accomplir de grandes choses, très vite (aussi vite que de passer de 55 à 80 quoi) ! Des choses à proprement parler inouïes, jamais vues, qui marqueront au fer rouge la postérité de votre Royaume.
On ne peut que vous le souhaiter, mais votre Chevalier de la Mort entre dans un univers plus tout jeune, en réalité, et peu de choses n’ont pas déjà été faites.
En réalité, il faudra attendre la prochaine extension pour faire quelque chose d’à peu près inédit. Et encore, cela ne le restera pas longtemps, inédit.
Hu ? Mais non, parce que personne ne l’a encore écrit sur le forum RPay, ce qu’il a fait, du coup, si moi je l’écris alors ce sera comme si c’était le premier qui le dit qui l’a fait. D’ailleurs, c’est certain, personne n’a encore dit qu’il avait tué le Roi-Liche, ou même Jaïna Portvaillant !
Cette fois c’est sûr, on va s’en souvenir longtemps de mon Chevalier de la Mort…
Oui mais non. Un récit JdR se doit de respecter tout un tas de règles tenant au fait que l’univers du MeuhMORPG est un univers persistant.
Et alors ? Le RPay, c’est la liberté, le vent qui fouette ton visage, si tu as envie de raser une ville tu en as le droit quand même ?! Sinon, on ne peut plus rien dire ou faire dans un récit JdR.
Du calme. En réalité, les choses sont un peu plus subtiles que cela, mais à la réflexion, on va pouvoir trouver un arrangement, pour peu que les quelques règles qui suivent soient respectées.
Tout d'abord, faites bien la différence entre le compte-rendu d'actions faites dans un cadre de JcJ sauvage ou dans un cadre de JcJ organisé et scénarisé.
Si dans l'absolu vous êtes libres de faire ce que vous voulez comme vous le voulez, dans le cadre du JcJ sauvage, pondre un compte-rendu en mode JdR activé aboutit souvent à de belles incohérences et à des récits absolument décrédibilisés, où un groupe de 5 joueurs ont rasé Austrivage ou destabilisé Ironforge.
Pour les comptes-rendus de JcJ sauvage, contentez-vous dans la mesure du possible de parler technique et valorisation des actions de groupe, décrivez les protagonistes, mais abstenez-vous de toute envolée épique ou impactant l'environnement pixellisé de l'univers, qui vous a déjà oublié.
Les règles qui suivent s'appliquent donc aux récits qui ont pour fondement un jeu authentiquement JdR.
- L’univers persistant :
Ce terme de persistant veut simplement dire que l’univers ne va pas changer à chacune de vos actions.
En réalité, même dans un univers phasé (comme en Norfendre), où accomplir des quêtes donne la sensation de faire évoluer le monde, vous entrez en fait dans une partie scriptée de l’univers, différente de celle que vous venez de quitter, mais commune à tous vos compagnons de jeu qui en sont au même stade de quête que vous.
Mais ces quêtes spéciales ne vous offrent pas réellement la liberté de transformer l’univers à votre guise. Tout est encadré. Il n’y aura pas de programmateur qui viendra regarder par-dessus votre épaule pour vous demander si vous préférez que le bâtiment brûle un moment pour tomber ensuite en ruine, ni pour vous proposer que dans quelque temps un couple de corbeau vienne faire un nid, là, juste au-dessus de la cheminée qui se dresse encore au milieu des ruines.
Car hormis la nuance infime de l’univers phasé, l’univers en question restera le même en termes de pixels, de réactions de Personnages Non Joueurs, au Personnage Nommé près (tous ceux qui ont un nom/prénom qui les fait sortir du lot de la masse des « mobs » qui « popent » automatiquement. Même le sectateur du crépuscule anonyme réapparaîtra en quelques minutes, à se demander si le massacre de plusieurs heures aura servi à quelque chose.
Les rivières garderont leur cours, les bâtiments ne brûleront pas si vous faites de la pyrotechnie à l’intérieur, et pire, les Personnages Non Joueurs réapparaîtront quelques minutes après avoir été tués.
Dans ce cas, comment faire un récit JdR à peu près cohérent avec ces univers immobile ? Si les joueurs humains ne font qu’évoluer dans un décor figé de pixels immuables, comment créer l’aventure, le frisson, en racontant des histoires qui passionneront vos amis ?
Ne désespérez pas ! Il existe en pratique deux grandes façons de faire coexister vos formidables aventures avec cet univers persistant. Ces deux façons peuvent s’alterner au fil d’un même récit, selon ses phases.
- Il faut marcher seul, sans commettre de péché, avec peu de souhaits, comme un éléphant dans la forêt. :
Oui. Vous pouvez commencer par oublier que le Roi Varian trône à Hurlevent et vous mettre dans la peau de votre chasseur humain, né au mauvais moment au mauvais endroit, soit dans les clairières de Tirisfal au début de l’apparition du Fléau. Votre mère est disparue peu de temps après votre sortie de l’enfance. Elle ne parlait jamais, se montrait dure avec vous, mais pour mieux vous préparer à vivre sans elle.
Et en effet, un jour elle n’est pas revenue à votre camp. Elle vous avait appris à ne jamais rester deux nuits au même endroit. A cause des autres. Vous l’avez attendu une nuit de trop, puis êtes reparti. Et vous ne l’avez jamais revue depuis.
Votre vie est triste, solitaire, brutale, emplie de la certitude que vous êtes seul dans un enfer vomi par votre pire cauchemar. L’univers est toujours le même, la mort trébuchante vous attend derrière un fourré ou un autre, n’attendant que votre passage pour faire irruption.
Vous n’avez pas réellement besoin, dans ce type de récit JdR, de faire intervenir des Personnages Nommés illustres ou à tout le moins connus de la communauté de joueurs.
[N.B. : Vous pouvez même choisir de raconter cette vie avant le cercle 80. Ou occulter tout ce que votre personnage a soi-disant vécu pour arriver à atteindre le cercle 80 et décider que la vraie vie de votre chasseur débute maintenant.]
La mort et l’ennemi sont anonymes, votre personnage n’a même pas besoin de savoir qu’au loin, dans de riches et lumineuses salles de pierre, cet ennemi est appelé Le Fléau.
Vous, vous savez juste qu’un jour ou l’autre, vous retrouverez votre mère, dont vous ne connaissez même pas le prénom. Ce jour-là, elle vous embrassera peut-être. Ou peut-être essaiera-t-elle de vous dévorer vivant.
Si un jour vous croisez une patrouille de la Croisade Écarlate, peut-être sentirez-vous que ces gens-là sont une autre forme de mal, contre laquelle votre mère vous a aussi mis en garde. Ou peut-être pas.
Vous choisirez alors de l’impulsion à donner aux aventures pour l’instant solitaires de votre personnage.
Mais vous aurez compris que dans ce type de récit, ce n’est pas votre personnage qui mettra fin au Fléau ou qui participera aux bouleversements du Monde. En tout cas, pas dans l’immédiat, pas tout seul, et ses hauts-faits n’engageront que lui. Son récit sera violent et contemplatif à la fois, en marge du Monde. Beren l’Erchamion, c’est vous. En tout cas, cela aurait pu.
Mais c’est une façon idéale de commencer à faire vivre votre personnage, jusqu’à lui forger un avenir très « dark » dans la Croisade Ecarlate, funeste et tragique. Ou lui faire connaître la Rédemption auprès de l’Aube d’Argent, après les massacres de la Main de Tyr ou la débâcle du Norfendre.
En somme, continuerez-vous comme vous avez commencé ? Ou enchaînerez-vous avec la deuxième façon de vivre dans l’univers persistant ?
- Entrez dans le théâtre:
Et jouez le rôle que l’univers vous propose.
Si vous comprenez que l’univers ne vous propose pas vraiment de tuer en mode JdR le Roi Varian, Jaïna ou Thrall, alors vous saisirez mieux le genre d’aventures que vous pouvez narrer dans un récit JdR.
Et si vous comprenez que vous n’êtes pas non plus destiné à terrasser seul le Roi-Liche, avec votre roster de raid, alors ce sera encore mieux.
N’essayez pas de vous attribuer ce que tout le monde a fait ou peut faire. Que ce soit dans les phases, l’univers instancié ou non, vous n’avez pas fait ce que tout le monde peut faire.
Vous ne pouvez pas porter une arme légendaire que personne d’autre ne possède et qui est connue en jeu.
Si vous le souhaitez, vous avez pu en revanche participer, avec votre Légion, qui faisait partie de telle armée commandée par tel officier de légende. Vous en avez conçu une fierté de vétéran, vous étiez dans les salles gelées de la Couronne de Glace. Vous avez participé à terrasser les légendes et monstres sacrés de l’univers.
Et vous en avez peut-être aussi conservé les cicatrices intérieures. Lorsque vous regardez le monde, aujourd’hui, vous éprouvez parfois le vide glacial que ces épreuves ont laissé dans votre cœur, car les races mortelles n’ont pas compris le sens de ces combats.
Vous vous inscrivez alors dans l’univers, vous avez participé à tout ce qui se propose en termes d’avancée et d’évolution de l’univers (notamment JcE), mais vous savez garder un récit crédible.
C’est déjà beaucoup.
Pareillement, si votre passion est d’attaquer les capitales, de rendre les coups contre la Faction opposée, n’allez pas prétendre avoir tué tel ou tel maître de Faction ou même avoir réellement menacé l’intégrité d’une Cité si puissante que 20 joueurs ne suffiraient certainement pas à passer les portes, qu’ils prétendent représenter en réalité 200 ou 2.000 combattants.
Le patron de la Cité n’est pas mort, puisqu’il a réapparu quelques minutes plus tard. La capitale n’a pas souffert, puisque les bâtiments sont intacts.
A la marge, les faubourgs les moins protégés, voire un ou deux hameaux des environs ont eu chaud, voilà tout.
N’allez pas non plus vous vanter d’avoir rasé Moulin-de-Tarren, parce qu’aucun bâtiment n’a souffert de votre passage, et le moindre des nécrogardes est toujours présent le lendemain, sans souvenir d’une quelconque journée de combats contre vous.
Dès lors, si vous présentez votre groupe comme des mercenaires aux maints faits d’arme, n’indiquez pas que vous avez mis à feu et à sang 26 fois Austrivage, parce que c’est beaucoup préjuger sur la capacité des pauvres gars d’Austrivage de se relever d’un tel acharnement du sort.
En 2 ans d’histoire dans l’univers, on ne renouvelle pas une population si aisément. Il faut bien 16 ans pour qu’un enfant soit en âge de porter les armes et d’entrer dans la milice d’Austrivage.
Et en réalité, un combattant qui a pillé les fermes isolées, non nommées, non pixellisées des Contreforts de Hautebrande se paie déjà une réputation d’écorcheur avec ses compagnons.
Il convient de se rapporter à ce qui a été dit sur les distances et les déplacements. L’univers de WOW ne permet pas d’implanter tous les petits bourgs que votre personnage pourrait avoir pillé. Mais qu’à cela ne tienne, vous n’êtes pas tenus par ces limites techniques du jeu, puisque c’est pour vous un récit JdR.
Si cela vous permet de vous tailler une réputation de mercenaire sans foi ni loi sans faire supporter à ce pauvre village de Sombre-Comté son 87ème sac, alors ce sera aussi bien.
En conclusion, vous pouvez aller dans le sens du développement et de l’évolution du jeu tel qu’il est connu par avance grâce aux informations données par Blizzard. Vous pouvez également tenter d’aller à contre-courant, si vous voulez donner à votre entreprise des airs désespérés.
Mais dans ce cas, vous devez accepter de perdre, de subir un échec et de voir votre entreprise réduite à néant par l’extension. Les défenseurs de Hautebrande devront se replier lorsque la machine de guerre des Réprouvés aura anéanti la résistance humaine de la région.
En général, les évolutions majeures de l’univers persistant se font sur un an voire un an et demi. Mettez-les à profit pour les illustrer avec des actions coordonnées inter-Faction, afin de les mettre en relief, notamment en JcJ.
3 ou 4 attaques JdR significatives d’Austrivage devraient suffire pour sceller le sort de la région. Vous serez alors définitivement en phase avec l’univers, cohérent, et JdR.
Alors vous tiendrez le bon bout, dans votre récit. En tout cas, on ne vous contestera pas le droit d’avoir brûlé quelques fermes non implantées dans le jeu.
Bon. Outre les précautions oratoires d’usage, je confirme que les remarques seront re-toujours les bienvenues si vous en avez.
Dernière édition par Rälkezad de Glace-Sang le Mar 29 Mar 2011 - 14:50, édité 3 fois