Culte de la Rive Noire - RP

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    [Trident du Fou / JcJ-JdR] La Saga des Mers du Sud.

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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 8 Juil 2010 - 8:11

    Oyez, combattants de chaque Faction ! Oyez la geste maritime qui opposa les corsaires du Trident du Fou et leurs alliés à leurs redoutables ennemis, les pirates de Pavillon Noir !

    C'est une histoire qui a failli se perdre, tellement ces faits se sont mélangés aux légendes des ivrognes qui peuplent les ports des 10 Royaumes et des 7 Mers !

    Apprêtez-vous à entendre des Hauts-Faits inconnus, des histoires de crâne et de trésors, mais aussi de politique, de trahisons et de liberté !

    C'était une époque de Guerre Perpétuelle, que les Peuples d'alors appelaient la Guerre Ouverte...

    Tout commença un peu avant la Chute du Légendaire et Maléfique Roi-Liche...


    [Quelques passants s'étaient arrêtés, malgré la cohue pressée du Port, redonnant à l'Aveugle qui contait l'espoir de quelques piécettes...]




    Dernière édition par Rälkezad le Jeu 15 Juil 2010 - 21:13, édité 1 fois
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 8 Juil 2010 - 8:11

    DEBUT DE LA SAGA :


    [Avertissement : le conteur s'excuse par avance si certains des textes purement JdR qui vont suivre paraissent nébuleux.

    En effet, il s'agit de scènes qui éclairent sous un angle particulier une série d'aventures qui se déroulent en ce moment même entre plusieurs guildes du Royaume, à la fois en mode JcJ sauvage et en mode purement JdR, le plus souvent avec un mélange des deux.

    Le scénario complet n'étant pas encore connu dans sa totalité par nombre de participants, il ne siérait pas que j'en dévoile tous les tenants et aboutissants ici.

    Et puis vous verrez, la chose est pensée de telle manière que le forum officiel regorge déjà de messages et de sujets qui permettent de reconstituer le puzzle. Des clés de compréhension seront données régulièrement par ailleurs. Que ceux que le challenge titille se prêtent au jeu !

    Le format est ambitieux, mais vous verrez également que nous avons les moyens de notre ambition. Bonne lecture !]



    [Je vous propose dans un premier temps l'explication RP suivante d'un certain hold-up dominical de la banque Centrale de Hurlevent, qui a été validée chez nous.

    Pour ceux qui ne remettent pas l'évènement en question, un rappel synthétique des faits ici :

    http://letridentdufou.forumactif.org/histoires-du-trident-et-du-fou-f9/rapport-d-expedition-dimanche-sanglant-hurlevent-02-05-2010-apres-midi-et-soir-t623.htm.

    Lors du hold-up à la Banque Centrale de Hurlevent du 2 mai dernier, la confusion qui a suivi le combat et la défense acharnée de la Milice et des spadassins de Pavillon Noir n'ont pas laissé le loisir à tous les membres du Trident de se compter ni de se surveiller, ce d'autant plus que le butin devait être très tentant pour chacun.

    La question est la suivante : nous avons pillé des coffres, empli nos sacs d'or et de monnaie sonnante et trébuchante, soit ; mais que pourrait-il y avoir eu d'autre dans le coffre, que le Trident en tant qu'Entité du Chaos Semi-Dirigée pourrait avoir déterré ?

    D'ailleurs, toute cette spontanéité ne cache-t-elle pas l'avancée d'un pion supplémentaire dans la guerre plus ou moins secrète qui s'envenime entre les pirates de Pavillon Noir et les corsaires du Trident ?

    Lesquels ont pu être contactés, avant ou après le hold-up, par un interlocuteur sérieux, très sérieux...]




    PROLOGUE :


    Par la fenêtre, les Négociateurs pouvaient apercevoir le Gobelin de pierre monumental bénir, les bras ouverts, les profits de Baie du Butin, tel un messie commercial.

    A l’intérieur pourtant, rien de la douceur du climat tropical ne transparaissait.

    Le Cartel allait en venir aux mains : « Je vous dis qu’il est urgent d’attendre ! Nous n’allons pas nous laisser déborder par les menées courtermistes de quelques exaltés ! Vous savez très bien ce que la neutralité nous a toujours apporté !

    _ Il a raison, nous faisons du commerce, pas la Guerre !

    _ La neutralité ne nous apporte plus rien depuis que les Syndicats de l’Alliance ont ouvertement partie liée avec la Voile Sanglante ! Ces porcs rognent sans cesse nos bénéfices. Si nous ne faisons rien, ils finiront par racheter la Ville ! Nous avons la peau trop verte au goût des Princes Marchands humains ou elfes, quant aux Nains, ils traînent sans cesse leurs gnomes comme des attachés case ambulants. Il n’y a plus de marché ! Il faut être un véritable boulon gnome pour ne pas s’en rendre compte !

    _ Machine à vapeur !

    _ Sac à papier !

    _ Cette fois, c’est le mot de trop !

    _ Il suffit. »

    Le Gobelin qui venait de s’exprimer avait la voix sèche et désincarnée de ceux qui commandent aux nations, mais de loin. Ses yeux semblaient morts et pourtant, il tint les autres Marchands en respect, les toisant malgré sa petite taille.

    Les plénipotentiaires se tournèrent avec espoir, respect ou jalousie vers le Prince Marchant le plus riche de la Baie, leur Arbitre dans les situations les plus graves. Peut-être allait-il leur indiquer la voie vers un plus grand profit, tout en leur faisant éviter les pièges de la politique qu’ils sentaient se refermer sur le Cartel.

    _ « Vous nous avez toujours bien conseillé, nous vous écoutons… », risqua l’un des Marchands.

    _ « Les temps sont troublés, les profits baissent. Mais le Cartel prévaudra encore et encore. Les âges passeront mais nous resterons à jamais Princes Marchands de Baie… »

    Ce que dit l’Arbitre aux autres Marchands fut tenu secret, mais lorsque ces derniers se retirèrent, ils arboraient la mine satisfaite de ceux qui ont écouté une douce musique et des promesses de dividendes éternels.

    L’Arbitre resta bientôt seul dans la pièce sombre au plafond bas.

    Un Gobelin plus discret qu’obséquieux ouvrit doucement la porte et entra.

    _ « Comment cela s’est-il passé ?

    Le vieux Marchand laissa échapper une grimace qui devait être sa façon de sourire. Un sourire déplaisant, qui reflétait plus la satisfaction que la joie.

    _ « N’en parlons plus, nous avons désormais le temps qu’il nous manquait ; qu’en est-il de ce contact… ce gnome avait-il dit vrai ?

    _ Le contact est fiable, et le restera le temps qu’il faudra.

    _ Alors fais le nécessaire, Fils. »

    Le jeune Gobelin se retira.

    Le vieux, lui, ouvrit le tiroir gauche de son secrétaire, en sortit précautionneusement un morceau de vélin et le posa sur la table. Ces corsaires vendaient leur âme au plus offrant mais ils avaient leur utilité. Avec ce document et ce qu’il représentait, sa famille s’assurerait la prééminence à Baie du Butin ou ailleurs, si les évènements se précisaient, pendant bien des années.

    Il agita une minuscule clochette, qu’il reposa sur le secrétaire patiné.

    _ « Contactez cet Amiral de la Voile Sanglante et dites-lui que c’est fait. Utilisez le canal habituel, que les autres n’en perdent pas une miette. »
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 8 Juil 2010 - 8:12

    [Vous vous souvenez de l'évènement de"L'Ambassadeur", une rencontre certes pas inédite mais qui avait été adaptée aux desseins inavouables du Trident du Fou. Des bastons opiniâtres, du fun et tout et tout.

    Il est à noter que Pavillon Noir et ses alliés de circonstance (des bandes mercenaires et/ou paramilitaires) au sein de l'Alliance avaient été recrutés par les officiels de l'Alliance, sans doute en raison de l'implantation historique des Pavillon Noir à Strangleronce.

    Il s'agissait de remplir une mission d'importance auprès du Cartel Gentepression, consistant en un échange d'or et de voeux de bonnes relations, dans un contexte où les deux Factions se disputent la primeur des inventions militaires gobelines.

    Nous rappellerons pour une plus complête compréhension de ce qui suit que Pavillon Noir avait triomphé.

    Oui, c'est maintenant qu'avoir lu notre background commence à devenir important pour suivre ]



    PROLOGUE (suite et fin) :


    Par la fenêtre, les Négociateurs pouvaient apercevoir le Gobelin de pierre monumental bénir, les bras ouverts, les profits de Baie du Butin, tel un messie commercial.

    A l’intérieur, l’ambiance ne ressemblait en rien à celle qui prévalait lors de la dernière réunion. De l’or, en pièces, pépites et lingots était étalé sur la table de réunion et entassé au fond de la pièce, rendant les plénipotentiaires euphoriques.

    Le comptable de l’Arbitre récapitula le solde : « le Cartel réalise donc avec ce don un bénéfice net, réalisé avec une marge de 100 % résultant du caractère diplomatique de l’opération, d’une valeur de 14.114 onces d’or, diversement pures mais d’un niveau tout à fait acceptable pour le Cartel. »

    _ « Qui a dit que la neutralité payait plus que la Guerre ? » braillait l’un des gobelins, manifestement ivre à la vue de l’or.

    Certains gobelins, à peine plus posés que le « jeune » Marchand qui venait de crier, se rembrunirent cependant.

    _ « Si l’Alliance nous fait ce cadeau c’est justement pour que nous gardions notre neutralité. Vos contacts diplomatiques brouillons avec la Horde ont payé, mais de façon si indirecte ! Et la Horde n’a finalement pas payé. C’est la neutralité qui nous a toujours enrichi, ne l’oubliez pas !

    _ Hein ? Vous persistez ? Ne voyez-vous pas que certains lingots ont été estampillés dans l’urgence ? Vous ne resterez pas longtemps n°1 dans votre consortium si vous ne reconnaissez pas un lingot de la Horde maquillé par des orfèvres Humains. C’est la guerre qui nous apporte cet or. C’est la guerre, avec sa formidable valeur ajoutée qui fera de nous les êtres les plus riches de ce Monde.

    Vous semblez oublier que ce sont des pirates de Pavillon Noir, notoirement acoquinés avec la Voile Sanglante, qui sont venus nous apporter ces friandises, dont une partie au moins nous serait tout de même revenue si l’émissaire de la Horde n’avait pas été attaqué alors qu’il se rendait à Gadgetzan. Dans cette partie de l’histoire, l’intervention de l’Alliance nous a fait perdre une partie de l’or que nous aurions pu recevoir, puisqu’ils ont fait l’économie de l’or récupéré dans les Tarides.

    Qui sait si le reste de l’or aux armes de l’Alliance ne provient pas directement des cassettes de la Voile Sanglante, qui achète ainsi le soutien militaire et commercial occulte de Hurlevent avec l’or volé aux honnêtes Marchands du Cartel ?

    _ Vous divaguez !

    _ Absurde !

    _ Non, il a raison ! Varian nous insulte tout en nous couvrant d’or ! Typique de ces pourceaux qui regardent la couleur de la peau avant la valeur des alliances…
    »

    La discussion s’envenimait de nouveau et l’Arbitre n’intervenait pas, se passant avec lassitude la main sur les yeux. L’ironie de la situation avait perdu tout son sel durant les semaines de préparation que l’opération avait nécessitées. Du temps, oui, que ne fallait-il pas faire pour gagner ce précieux temps, pour lequel son organisation était prête à payer si cher. Au point que ses propres orfèvres avaient du travailler dur et longtemps avec ceux d’Orgrimmar, pour rendre méconnaissable la véritable origine d’une bonne partie de l’or qui se trouvait à présent étalé sur la table. Cet or gobelin, qui retournait aux gobelins, provoquant cette prévisible et ô combien injustifiée satisfaction.

    Passée l’euphorie, sa race allait de nouveau ergoter et se diviser. Il était temps de passer à la deuxième phase du plan. Une fois le partage du « butin diplomatique » opéré. Il y avait bien des moyens de prolonger le délai, en négociant sur les degrés de pureté des diverses pièces. Le comptable, intègre, ne manquerait pas de peser chaque prétention aussi justement que l’or lui-même.

    Ainsi en allait-il au Cartel. Tant qu’il durerait.






    [N.B. : l'once est une ancienne unité de masse, encore utilisée dans certains pays, dont la valeur est comprise entre 24 et 33 grammes.]
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 8 Juil 2010 - 8:12

    Dans le présent chapitre, il est relaté en RP l'évènement proposé par Ahtnax du Pavillon Noir, "Ne faites pas de prisonniers", qui a vu les pirates triompher et retraiter en bon ordre jusqu'à Théramore et dont voici le lien sur le forum officiel ( http://forums.wow-europe.com/thread.html?topicId=13200303746&sid=2&pageNo=1 ).


    CHAPITRE 1 : DU SANG DANS LES MARAIS


    Les guerriers Taurens ne pleurent pas, même lorsqu'au retour de la Guerre ils retrouvent leurs foyers détruits par l'incendie, leurs villes pillées et leurs totems renversés. Ils ne pleurent pas leurs sages égorgés dans les tipis, leurs épouses disparues ou mutilées, leurs reliques éparpillées.

    Les guerres meurtrières contre les Centaures avaient au moins servi à sécher à jamais les yeux des combattants Taurens.

    Pourtant le spectacle offert par les Pitons du Tonnerre aurait pu faire pleurer n'importe quel brave. Des irréguliers de l'Alliance, arborant le maudit Crâne sur Sable, les pillards de Pavillon Noir, avaient profité de l'absence des guerriers partis au Norfendre pour semer la mort et la désolation au sein de la Cité la moins défendue de la Horde.

    Certains survivants racontaient que des épouses, des mères et des vieillards, pour avoir tenté de résister, avaient été jetés hurlants du haut des passerelles aériennes. Une mort horrible avait été donnée en ces lieux. Bien peu de pirates avaient trouvé une fin ici, la défense avait été trop faible, trop peu organisée.

    Arnis des Pitons du Tonnerre plissa le front devant le corps blessé de l'un de ses frères d'arme. Si les Taurens s'étaient ressaisis trop tard pour sauver leur Capitale du pillage, ils s'étaient cependant regroupés, ivres de vengeance et implacables, sur les talons des pillards partis augmenter leur butin à Sabot de Sang.

    Les villageois avaient accepté de ne pas fuir, afin d'endormir la méfiance des pirates. Mais dans les tipis se tapissaient les restes de la garde des Pitons du Tonnerre. Tout à leur pillage, les pirates tombèrent dans une meurtrière embuscade. L'effet de surprise joua cette fois contre les flibustiers. Les pillards se défendirent avec leur fureur et leur habileté habituelle, blessant cruellement leurs assaillants, mais ils durent reculer. Leur retraite se faisait en bon ordre et ils emmenaient leurs blessés avec eux.

    Cependant les guerriers Taurens étaient persuadés d'avoir grièvement atteint un de leurs chefs, Cameron le Fou.


    Cette nuit le Conseil des Anciens se réunit à Sabot de Sang, au milieu des tipis fumants et des corps sans vie. Les palabreurs étaient sombres, la colère et la vengeance scintillaient dans leurs yeux à la lueur des incendies mourants. Il fut décidé de poursuivre les pillards, ralentis par leurs blessés et de les massacrer jusqu'au dernier. Les Pitons du Tonnerre méritaient cette course, cette chasse de vengeance.

    Les Esprits de la Vengeance furent convoqués, qui donnèrent leur accord à cette traque. Ceux de la Plaine accoururent et assurèrent aux Taurens que leur course dans les herbes de Tarides serait aussi rapide que le vent en tempête. Seuls les Esprits des Marais ne se montrèrent pas, sourds aux appels des chamanes comme des druides.


    La Course commença. Arnis des Pitons du Tonnerre courait aussi, avec ses corsaires. Les mots brûlants des Esprits de la Vengeance laissaient encore des sillons de flamme dans les yeux des poursuivants ("Vous ne sentirez pas la fatigue mordre vos jambes"), les herbes touffues des Tarides semblaient s'ouvrir devant eux, découvrant les sentiers les plus faciles, comme l'avaient promis les Esprits de la Plaine ("La plaine sera comme un chemin facile pour les Chaseurs").

    La piste des pirates était fraiche désormais. Leur arrière-garde, farouche et sur le qui-vive, avait déjà été engagée, mais les jeunes poursuivants avaient été défaits par les pillards expérimentés. Arnis vit les corps sans vie de jeunes guerriers des Pitons du Tonnerre, cruellement marqués comme pour décourager les poursuivants de continuer la poursuite. La Vengeance les avait fait courir si vite qu'ils ne s'étaient pas rendus compte que leurs frères et leurs amis ne pourraient pas les rejoindre avant des heures. "La Vengeance est une alliée dangereuse", pensa Arnis.


    Mais voici que la piste des pirates obliquait et menait vers les Marais d'Âprefange. L'avant-garde des poursuivants se trouvait à l'orée de ces contrées maudites et certains tenaient palabre avec véhémence : "les Esprits des Marais ne nous sont pas favorables ! Vous l'avez senti cette nuit. Notre course est maudite !

    _ De quoi parles-tu ? tu abandonnerais la poursuite maintenant ? Alors que les pirates sont tout proches ? Je peux sentir l'odeur de la Mort sur Eux, la leur ! Tu n'es qu'un lâche si tu rebrousses chemin !"

    Arnis tint conciliabule avec les corsaires et les mercenaires qui les avaient rejoint. Les mercenaires haussèrent les épaules ; ils se moquaient bien des Esprits. Pour l'or et la gloire, ils iraient dans les Marais poursuivre les pirates. Les Taurens les plus enragés les suivraient également.



    La course se poursuivit dans les mares stagnantes et malsaines. Mais tout y était hostile. Les crocilisques, la boue et les nuées d'insectes s'acharnaient sur les poursuivants, rendant pénible leur avancée.

    Lorsque les pirates furent enfin en vue, la bataille devint inévitable. Elle fut d'une rare violence, les groupes de déformèrent puis explosèrent, les combats durèrent une bonne partie de la journée. Des hurlements retentissaient parfois au loin, des déflagrations de magie étouffées par les marais éclaboussaient les boues. Arnis et ses corsaires, trempés jusqu'à la taille, tenaient conseil. Le sang dégoulinait sur leurs lames et se mêlaient à la boue.

    Nombreux étaient les corsaires et les mercenaires qui avaient perdu la vie et dont le corps ne recevrait nulle sépulture. Les bêtes du marais festoiraient cette nuit. Le Marais lui-même semblait avide de se rassasier du corps des Taurens qui avaient poursuivi leur course à Âprefange.


    Les flibustiers du Pavillon Noir étaient trop bien organisés. Leur solidarité aurait forcé l'admiration des poursuivants s'ils n'en avaient pas payé aussi cher les conséquences. La traque tournait au massacre, mais pas comme les chasseurs l'avaient espéré. Dans les marais, les pirates semblaient trouver avantage de chaque obstacle et de chaque pouce de terrain pour créer le surnombre. Les escarmouches tournaient systématiquement à leur avantage.

    Dans l'après-midi, les choses semblèrent prendre meilleure tournure pour les poursuivants ; une troupe d'Orcs des Tarides avait rejoint les chasseurs embourbés. Ils amenaient avec eux de la boisson amère qui faisait oublier la fatigue et la peur des marais.

    Les pirates furent de nouveau traqués. Ils semblèrent sur le point d'être acculés lorsqu'une sonnerie de trompe marine retentit. Les officiers pirates sonnèrent également longuement et il paru évident que des renforts qu'ils devaient attendre depuis le début de la journée arrivaient. Les Chasseurs attaquèrent derechef, harcelant les flancs de leurs ennemis.

    Mais les pillards recommencèrent à retraiter en bon ordre, leur détermination avait redoublé et ils arrivèrent au pied du Fort de Théramore, dont les portes étaient grandes ouvertes. Des gardes de Théramore leur firent signe d'entrer, mettant au défi les poursuivants dissimulés dans les fourrés de mener une charge de front contre les formidables fortifications des Portvaillant.


    Le désespoir et l'abattement se disputaient le coeur des chasseurs. Les orcs refusèrent d'attaquer Théramore, arguant que pareille opération était insensée et que Thrall désapprouverait une telle action. Les mercenaires et les corsaires sentaient quant à eux la force de la Place.

    La traque était bel et bien finie ; c'est le coeur lourd et avec un goût bilieux dans la bouche que les combattants de la Horde se retirèrent.
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 8 Juil 2010 - 8:13



    ATTENTE :



    Sur le chemin de ronde, parlant bas, les soldats se montraient du doigt avec inquiétude les lueurs de feux qui piquetaient de rouge sombre les marais. Les fumées noires et huileuses des bivouacs s’élevaient en volutes qui assombrissaient le ciel étoilé.

    Âprefange semblait grouiller depuis le début de la nuit d’ennemis de Théramore. Les bruits habituels des bêtes des mares ne se faisaient plus entendre, comme si l’heure était à la retenue et à l’attente.

    La garnison de Théramore s’était inquiétée dès la fin de l’après-midi, lorsque la patrouille des marais n’était pas rentrée. Ce qui aurait pu passer pour un retard avait fini par alarmer le commandement. Les craintes avaient été mille fois confirmées à la tombée de la nuit, lorsqu’il devint évident que de nombreuses forces hostiles campaient tout autour de la Place forte. De temps à autre, des rugissements orcs troublaient le silence moite et les cœurs des Hommes se serraient d’angoisse.


    ***


    Dans la Tour Maîtresse, Jaïna Portvaillant avait enfoui son visage dans ses mains et ses réflexions étaient perturbées par l’absence de réponse d’Orgrimmar. Pourquoi Thrall ne répondait-il pas ? Durant toutes ces années, la neutralité de Théramore avait été respectée et Thrall avait à chaque fois dévié les coups qui se préparaient contre la courageuse fille de Portvaillant.

    Après tout, n’avait-elle pas défié son propre père en gage de respect envers les peuples de la Horde ? Elle avait ainsi récupéré la garde du port fortifié et du fort, sauvant de nombreuses vies et préservant les apparences pour l’Alliance.

    Elle n’aurait pas du recueillir ces irréguliers de l’Alliance, qui étaient sortis des marais un soir comme celui-ci, se prétendant traqués par des Ecorcheurs de la Horde. Sans consulter Jaïna, les soldats de la porte et leur capitaine les avaient fait entrer.

    Jaïna ne les avait même pas sanctionnés. N’aurait-elle pas fait de même à leur place ? Qui eut pu deviner que les combattants recueillis étaient des pillards de Pavillon Noir ? Ce n’est que dans la place que les soldats avaient pu voir sous la boue les couleurs noires et blanches caractéristiques et le crâne maudit. Mais même alors, les soldats n’avaient pas eu le cœur à les livrer, car c’était le terme, aux sauvages et aux bêtes de la Horde, dont les cris et glapissements exprimaient une colère et un dépit qui glaçaient le sang.

    Jaïna s’était depuis murée dans un silence obstiné, faisant le jeu –elle le comprenait désormais – des faucons qui se pavanaient avec de plus en plus d’assurance dans l’entourage même de Thrall.

    Les temps étaient en train de changer. On disait Thrall las de la guerre et de sa position qui le rendait impuissant. Les actes de guerre qui allumaient de nouveau les feux de la reprise des hostilités entre l’Alliance et la Horde se multipliaient depuis que le Fléau semblait sur le point d’être mis à bas.

    De nouveaux pions s’avançaient, pour lesquels elle ne représentait que des concessions passéistes qui n’avaient plus lieu d’être. Dans la guerre qui s’annonçait encore plus violente qu’auparavant, les modérés et les diplomates seraient les premiers à succomber, isolés et abandonnés de leur propre camp. Le commandement de l’Alliance n’enverrait pas le moindre renfort à Jaïna, prétextant une absence de moyens ou de temps.

    Jaïna était lasse de la politique. Elle comprenait certes parfaitement que ce qui s’annonçait comme le massacre de Théramore donnerait exactement le coup de fouet que Varian attendait pour l’Alliance, qui reprendrait sans mal la forteresse quelques jours plus tard. Du côté de la Horde, prendre le fort quelques jours était exactement le signal dont on avait besoin pour redonner du cœur au ventre aux revanchards des Pitons du tonnerre et aux orcs des Tarides.

    Mais tous ces hommes qui allaient mourir pour satisfaire le jeu des bellicistes étaient sous la responsabilité de Jaïna. Depuis le début, ces hommes lui faisaient confiance. Il y avait là des vétérans comme des jeunes, des familles entières de gens fidèles aux Portvaillant, qui espéraient encore que leur commandante les sauverait une fois de plus.

    Seuls les officiers savaient désormais que les seuls renforts qui arriveraient peut-être les enfermeraient encore davantage dans une logique de guerre. Le chef des pirates que la garnison avait recueillis, resté plusieurs jours pour se remettre de ses sévères blessures, était parti en échangeant quelques mots avec le capitaine : « Le Pavillon Noir n’oublie jamais de payer ses dettes » avait-il dit à l’officier réticent qui ne cachait pas sa répugnance.

    Cameron, que ses ennemis qualifiaient souvent de Fou de Guerre, insistait : « Peut-être serez-vous moins regardants quant à la nature des renforts si vous subissez une attaque de représailles d’envergure. Nous savons nous battre, nous. Ici, vous rouillez littéralement sur place et vous oubliez que dehors la Guerre Ouverte reprend ses droits.

    _ Vous parlez comme un orc des Tarides, on dirait que cette perspective vous plaît. Mais croyez-le ou non, je m’en moque : Théramore est en paix avec ses voisins de la Horde. »

    Cameron haussa les épaules.

    _ « C’est ce que des gens comme Jaïna vous font croire. Théramore n’est plus en paix depuis que vous nous avez recueillis. Vous avez comme moi entendus les cris et les jappements ce soir-là. Ils vous ont maudit et vous ont promis mille morts…

    Vous le regrettez n’est-ce pas ? Je peux le voir sur votre visage, comme vous regrettez de nous avoir ouvert votre porte. Je connais les gens de votre espèce, capitaine : vous nous auriez ouvert même si vous aviez su avant qui nous étions. Je suis un Nain et vous un Homme. Mais le sang qui coule dans nos veines fait que nous valons cent fois les bêtes qui nous chassaient dans les marais.

    Et puis consolez-vous, ce n’était qu’une question de temps avant de sentir les griffes d’Orgrimmar. Les choses changent dans ce tas de merde poussiéreux qu’ils appellent leur Capitale. Vous ne tarderez pas à le constater. »

    Puis un navire battant Pavillon Noir était venu le chercher, lui et ses hommes. Les marins sur le pont avaient un air bien plus farouche que celui des vétérans les plus endurcis de la garnison. Le capitaine était resté pensif sur le quai longtemps après le départ du navire. Il avait vu le visage de la nouvelle guerre qui se préparait. Implacable, cynique, sans plus de valeur qu’un serment de pirates. C’était cela, l’avenir de l’Alliance ? Dieux !, que Jaïna les protège encore longtemps, ses vétérans. Car il était vrai qu’ils rouillaient ici, de plus en plus oublieux de ce qui menaçait.


    ***


    Thrall restait dans l’ombre, rejetant les lueurs du feu qui brûlait dans la salle du trône. Quelles pouvaient être les pensées de Jaïna à cette heure, comme il devenait évident qu’il ne répondrait pas à ses appels désespérés. Thrall gardait son dernier message entre ses doigts, bout de parchemin froissé et trituré… les mots… les mots blessaient son esprit, comme tous les appels des personnes qu’il n’avait pu aider à temps.

    « Ne laissez pas l’aveuglement et la haine guider les actes de la Horde ! Aidez-nous ! Sauvez Théramore ! »

    Thrall ne dormirait pas cette nuit non plus. Depuis combien de nuits errait-il entre les murs d’Orgrimmar ? Cette cité était devenue sa prison. Il étouffait.

    Un crépitement dans le foyer de pierres le fit sursauter, une image rémanente l’assaillit : ce Démon était d’une puissance qui le renversait à moitié, qui l’écrasait, il ne pouvait plus respirer…, son frère était avec lui… Grom… sa rage était forte, il était si rapide, lui ne restait pas cloué au sol par la présence démoniaque et son émanation de puissance pure, le combat serait d’une…

    « Seigneur Thrall ? » appelait un garde. « Un émissaire de Garrosh, venu directement du Norfendre vient d’entrer, que dois-je lui dire ? Doit-il attendre le lever du jour ? J’ai vu que vous n’étiez pas parti de la salle… »

    Thrall se retourna vers le garde. Son visage marqué épouvanta le garde.

    « Je lui dis d’attendre l’aube, Seigneur » le garde se retira précipitamment.

    Un rugissement finissait, un dernier choc, que personne d’autre que Thrall ne pouvait entendre. Le message de Théramore glissa des doigts de Thrall.
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 8 Juil 2010 - 8:13

    VISITE


    Thrall marchait dans un songe éveillé, ainsi que cela lui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps. Les murs rouges et ocres des bâtiments d'Orgrimmar étaient faits de brume. Une humidité surnaturelle tombait sur la Cité poussiéreuse, étouffant les cris et les interpellations nocturnes. Les gardes étaient faits de fumée transparente, les braséros émettaient des lueurs fantômatiques et aveuglantes, annihilant partiellement la vision de la ville.

    C'est alors qu'il le vit. Vision incongrue au sein de la Cité, le Worg se tenait assis au milieu de la rue, narquois, la langue pendante.

    Thrall s'arrêta, interdit. Les deux êtres s'observaient. Puis, sans bruit, le Worg se leva et se mit à trotter tranquillement vers le chemin de la Porte d'Azshara. Thrall le suivit. Que pouvait-il faire d'autre ? Le Fou venait toujours sans prévenir. Thrall ne pouvait qu'attendre sa visite.

    Le Worg arrivait à hauteur de la porte, qu'il dépassa. Thrall s'arrêta devant le seuil. Il ne pouvait le franchir. Car au-delà de la porte, rien n'existait sinon les ténèbres. Le Worg lui continuait de marcher dans le néant, libre et insouciant. Bientôt sa silhouette disparut.

    Thrall sentait la tension qui le faisait trembler de colère : "Que cherches-tu à me faire comprendre ? Que je suis prisonnier dans ma propre Capitale ? J'ai fondé Orgrimmar ! Tu n'es rien, toi, ta prétendue liberté n'est rien, tu m'entends ! Tu n'es ni libre ni sauvage, tu es devenu le Servant du Néant ! Maudit !"

    Thrall laissait sa voix rauque se perdre dans les ténèbres devant lui : "Maudit ! Tu es maudit !"

    Mais du fond du Néant une silhouette imperceptible se détachait, infime, tremblotante. Thrall forçait ses yeux à voir, rendant douloureuse sa tête.

    Une voix : "Grom était maudit. Tout le Clan Chanteguerre était maudit... Mais je ne l'ai jamais été."

    La silhouette bougeait au fond des ténèbres : "Regarde-toi, tu n'es que l'Ombre de ce que tu étais. Le Libérateur enchaîné à ses fonctions. Inutile à ses amis. Impuissant. Te voir ainsi me fait de la peine."

    La voix se fit attentionnée : "Tiens, je vais te faire une faveur. Je retiendrai les coups qui seront portés à la fille de l'Amiral Portvaillant. C'est ce que tu veux, non ? C'est la raison pour laquelle tu ne dors pas cette nuit ? Qu'elle soit épargnée...le reste n'a pas d'importance, n'est-ce pas ? Oui... payer le prix, tu es prêt à tout, du moins le penses-tu. Pour cela, je permettrai à Théramore de recevoir une aide rapide et inattendue. Tu vas aimer payer le prix de cette aide, messager de Paix. De l'extérieur comme de l'intérieur des coeurs prendront Jaïna en pitié et la Guerre s'embrasera de plus belle.

    Tu le sais bien, pourtant, que Théramore ne m'intéresse pas. C'est le fils de Grom qui te porte ce coup. Cet enfant orc joue avec des guerriers de chair et de sang et te blesse pour te faire payer de n'être pas mort avec son père...

    Tes amis sont devenus des proies si faciles...

    Je ne peux tout de même pas tout faire à ta place, Thrall..."

    Appelé par son nom, Thrall répondit les dents serrés : "Ne me prends pas également pour un enfant. Tu as confié tes pions à Garrosh. Je sais que ton trident est à Âprefange cette nuit !"

    La voix eut l'air déçue : "Allons, ce n'est pas mon trident que j'ai laissé là-bas, tu le sais bien. Et il se trouve qu'ils sont disponibles, je ne les ai pas rencontrés depuis si longtemps, il faut bien qu'ils s'occupent de leur propre chef... et puis, heureusement qu'ils sont là-bas, sinon, qui retiendrait le bras au couteau lorsque Jaïna sera à la merci de tes propres soudards ?"

    La voix laissa échapper un rire sans joie : "Non, quand je leur donnerai un cap, très bientôt, tu verras vite la différence par rapport à cette petite sortie..."

    Thrall se redressa : "Alors tu n'as pas abandonné ton plan insensé ? Tu sais pourtant que cette tentative est vouée à l'échec, ils sont au-delà de toute rédemption !"

    La silhouette au loin sembla disparaître : "Mais non, mon espoir n'est pas celui d'un Fou. D'ailleurs, nous serons plus forts à deux. Après tout, tu me dois une vie maintenant."


    ***


    Un crépitement du feu plus fort que les autres fit sursauter Thrall. Finalement, il avait trouvé un instant le sommeil, sinon le repos dans la salle du Trône. Il se sentait plus calme, même si un goût métalique lui restait dans la bouche.

    il se leva et appela un garde de faction dans l'autre salle : "Faites venir le messager de Garrosh immédiatement !"

    Celui-ci, tiré de la couche qu'il avait rejoint depuis moins de deux heures avait encore un air poisseux et fatigué. De l'eau lui dégoulinait de la tête, comme s'il avait voulu se réveiller violemment avant d'affronter le Chef d'Orgrimmar. Il parlait d'une voix lourde et agressive, comme une pâle imitation de celui qu'il servait : "Des bruits courent que vous n'approuvez pas l'expédition de représailles contre Théramore ! Est-il dans votre intention de l'empêcher ? Retiendrez-vous encore une fois le bras de la Horde dans son juste courroux ?"

    Le ton était ouvertement irrespectueux, mais seuls quelques gardes parmis ceux présents dans la salle osaient exprimer leur indignation envers l'émissaire du fils de Grom Hurlenfer.

    "Je ne retiendrai pas le bras de la Horde. Théramore n'aurait pas du venir en aide aux criminels qui ont frappé les civils des Pitons du tonnerre. Pour qui me prend Garrosh au juste ? J'ai fondé Orgrimmar et lui ai donné ce nom en hommage à Orgrim Marteau-du-destin, qu'il ne l'oublie pas ! Grom n'a pas été le seul héros de la Horde !"

    La voix tonnante de Thrall faisait rapetisser l'arrogant émissaire. Les gardes retrouvaient leur chef. En prenant le contrepied de ce qu'on attendait de lui et ce de cette manière, Thrall avait renversé la position de Garrosh. Au moins pour un temps.



    ***



    Resté seul dans la salle du trône, Thrall attendait l'aube. Il espérait désormais que le Fou tiendrait parole. Car il venait de condamner Théramore cette nuit, juste pour gagner du temps. Le Fou avait gagné cette manche, si lui-même devait lui être redevable pour cela.



    ***



    Dans les Mers du Sud, une flotte de trois navires battant Pavillon Noir faisaient voile vers l'ouest. L'aube blanchissait l'horizon. Sur l'un d'eux un Nain braillait pour hâter le déploiement d'un perroquet supplémentaire. Tous de concert, les navires hissèrent un second pavillon : sur celui-ci on pouvait voir une ancre, un soleil ainsi que 3 étoiles.

    Un vent propice gonfla les voiles en un claquement sonore .
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 8 Juil 2010 - 8:15

    [Ce qui suit traduit un évènement inter-guilde qui s'est déroulé le jeudi 17/06/2010, à 21h50 (à guichet fermé, d'où l'indication a posteriori sur le forum officiel du Royaume). Les Guildes présentes étaient les suivantes : Pavillon Noir du côté Alliance, Les Maisons Sin'Doreï (principalement Maison Celwë), La Sombre Assemblée, Le Trident du Fou du côté de la Horde.

    Victoire manifeste de Pavillon Noir.]




    Le conteur reprenait son souffle en même temps que le fil de ses souvenirs. Des passants s'étaient assis autour de lui pour l'écouter plus à leur aise. D'autres, curieux de connaître les raisons de l'attrouppement, s'étaient eux aussi arrêtés.

    "Voici maintenant le récit de la deuxième attaque de Théramore, qui échoua mais qui fut cause de bien des tragédies encore..."


    L'ATTAQUE DE THERAMORE :



    Théramore est une Citadelle de l'Alliance située sur une ile au large du Marécage d'Âprefange, dirigée par Jaina Portvaillant. Elle compte 9.500 habitants, et est le siège de la nouvelle alliance de Kalimdor. Au départ forteresse militaire, elle est devenue un port de commerce.

    Les relations diplomatiques entre les humains de Théramore et ceux des Royaumes de l'Est, en particulier celui d' Hurlevent, sont également très tendues ; la capitale de l'Alliance devant selon les habitants revenir à Théramore et à Jaina Portvaillant, dernière descendante des fondateurs de l'Alliance, et non à Hurlevent. Les deux cités se rejettent également les fautes commises lors de la dernière guerre
    . (Encyclopedia de Kalimdor).

    « On s’en fout, de Théramore ! » (Roi Varian Wrynn).


    Aux Morts !



    Dehors toute la ville fêtait la victoire sur l’ennemi. Les pêcheurs et les marins dansaient avec leurs femmes, la plupart des soldats de la garnison trinquaient avec les pirates de Pavillon Noir sans trop d’arrière-pensées, les enfants couraient entre les tables du banquet…

    Mais ici l’ambiance était moins heureuse : une odeur de mort dominait le fumet du banquet. Les mouches des marais faisaient elles aussi bombance, buvant avec voracité aux plaies des blessés. Dans la cour de l’infirmerie de fortune, les cadavres étaient alignés, du tissu de voile les recouvrant complètement.

    Dans la fin de soirée, bien au-delà des murs de la cité, un bûcher avait été allumé pour brûler les ennemis morts, qui jonchaient le pavé de Théramore à la fin des combats.

    Le capitaine de la garnison, son bras en écharpe, marchait entre les rangées de blessés, ne détournant pas les yeux lorsqu’un médecin sortait sa scie et que l’on retenait le blessé qui convulsait sous le va et vient de l’instrument. Les femmes réconfortaient ceux qui ne pourraient plus marcher, ou tenir un verre de leur main.

    Les blessures n’étaient jamais belles à voir. Mais ici la variété des coups portés interpellait l’officier, vétéran de maintes campagnes. Lames grossières, morsures et griffures, enfoncements, pointes de flèches elfiques, vieilles lames de Lordaeron aujourd’hui maudites, crochets cruels, sans parler des blessures magiques, brûlures, poisons de combat… La Horde dans toute sa diversité avait frappé Théramore.

    Orcs des Tarides, Taurens des Pitons du tonnerre, naguère si pacifiques, nobles Elfes de Lune d’Argent, Réprouvés de tous rangs, Trolls d’Orgrimmar… Ce Cameron avait eu raison, Théramore avait été attaquée par la Horde et non par quelques mercenaires isolés. La neutralité leur avait été arrachée, volée.

    Si Théramore n’était pas tombée, ce n’était pas grâce aux soldats de la garnison, submergés dès le début de l’attaque. Et la Horde n’avait pas ménagé ses efforts pour punir la cité d’avoir secouru les pillards de Pavillon Noir. Le capitaine était reconnaissant aux flibustiers d’avoir sauvé à leur tour la cité. Mais il leur en voulait de devoir leur en être reconnaissant.

    Oh certes, Pavillon Noir avait payé le prix du sang, lorsqu’ils avaient débarqué sur les quais fraichement investis par les assaillants. La soudaineté de leur arrivée dans le port avait permis de sauver la quasi-totalité des navires, qui n’avaient pas été incendiés. Quant il pensait que c’était lui-même qui avait ordonné aux civils de se réfugier dans les cales des navires… le capitaine eut un court frisson d’horreur.

    Si le nettoyage des quais avait coûté aux pirates quelques vies, malgré la désorganisation des groupes d’assaillants éparpillés, qui se livraient déjà au pillage des maisons alentours, les morts se comptaient en dizaines parmi les miliciens et les soldats de la garnison. Les civils l’avaient échappé belle pour la plupart, réfugiés dans le donjon ou les cales des navires. Pour l’heure, trop heureux d’être encore en vie, ils n’avaient pas encore fait les comptes, mais très bientôt ils s’apercevraient de ce que leur avait coûté cette victoire.

    Le capitaine s’aperçut qu’un des chefs pirates l’avait rejoint et contemplait lui aussi silencieusement l’éprouvant spectacle. Il avait un air tranquille, comme si son âme ne pouvait être troublée par aucune douleur. Le capitaine se tourna vers lui.

    Face à la question muette du capitaine, le pirate répondit : « Crowley, capitaine. Je commande au navire qui a accosté en second. »

    Le silence retomba. Le capitaine inspira : « Sortons. »

    Sur le perron du bâtiment, le capitaine prit le pirate par les épaules et le plaqua contre le mur : « Vous nous avez piégés ! Je n’ai jamais voulu cela ! C’est vous les responsables de cette boucherie ! Cela vous plaît de vous battre, vous allez et venez, libres de tout engagement, d’un champ de ruine à un autre. Fils de la guerre, vous n’engendrerez vous-même que la destruction et la haine. Comment osez-vous festoyer avec nous ? »

    Crowley regarda calmement le capitaine : « Nous avons réveillé les gens de Théramore, capitaine. Ils ont, vous avez, fait un choix, lorsque les nôtres se sont présentés à votre porte. Vous saviez alors confusément de quel côté vous êtes et resterez à jamais.

    Vous avez simplement oublié le prix que nous payons tous, à être ce que nous sommes. Le prix de vos choix. Cameron avait raison : vous rouillez, ici, sous vos armures polies. Vous avez intérêt à vous réveiller pour de bon avant la suite. Nous ne serons pas toujours là pour protéger votre commandante
    … »

    Comme giflé, le capitaine relâcha son étreinte et laissa le pirate qui descendait le perron sans lui jeter un regard. Le capitaine posa son front sur la pierre rugueuse du mur. Le pirate avait raison, Théramore avait fait et ferait encore des choix et les paierait encore demain.

    Crowley s’approcha d’une table, prit une chope, en versa cérémonieusement un peu de son contenu par terre et, croisant le regard d’un milicien, leva son poing tenant sa chope : « Aux Morts ! »

    Le milicien, qui ne devait jamais avoir vu de Draeneï jusqu’alors se ressaisit et articula : « Aux Morts Glorieux ! »

    « Ah oui, comme ils sont glorieux, les morts… » pensa Crowley. Le milicien n’avait pas du lever les draps de voile qui recouvraient nombre de ses compagnons. Le pirate s’éloigna déguster sa bière à l’écart. Saluant un de ses matelots en goguette avec une veuve point trop épleurée, il monta sur le chemin de ronde, embrassant du regard l’orée des marécages d’Âprefange. Ayant fini de boire, il jeta négligemment la chope de terre cuite par-dessus le muret et repensa aux combats de la journée…


    Reprenez les quais !



    De manière inexplicable, c’est Zacaries, en plein transbordement de lainages et de toiles sur un navire gobelin au large de baie du Butin, qui était allé trouver Crowley, avec qui il avait décidé d’aborder l’embarcation des marchands de Baie-du-butin : « Capitaine Crowley, il nous faut faire voile vers Théramore. J’ai une curieuse intuition. Le navire de Cameron doit croiser un peu plus au Sud de Tanaris en ce moment, mais on ne sera pas de trop avec lui aussi. »

    Crowley avait songé à discuter, après tout le capitaine Zacaries était son égal et Théramore n’était pas parmi les cibles lucratives du moment depuis que la Fraternité du Pavillon Noir les avait décrétés intouchables. Mais quelque chose dans le regard habité de l’Elfe l’avait incité à opiner du chef. Les Draeneï savent qu’il est parfois bon de suivre les vents de la pensée aussi bien que ceux des mers.

    Et en effet, les vents avaient favorisé les pirates, qui avaient rencontré peu avant leur entrée dans les eaux de Théramore le navire de Cameron. Celui-ci, pour une raison que ne donna pas son cousin, était resté à terre à Tanaris, mais le Nain accepta d’accompagner les deux capitaines. Ils hissèrent alors le pavillon de Théramore en plus de leur pavillon noir.

    Le vent n’avait pas faibli et lorsqu’ils furent en vue du port de Théramore, ils purent voir les soudards de la horde investir la place forte, noyant la garnison dans un déluge de sauvagerie. Ce fut alors une course terrible pour aborder les quais avant qu’ils ne soient trop bien tenus. Déjà, des Elfes de Lune d’Argent accaparaient les batteries de canons sur les quais…

    Les planches n’avaient pas été jetées sur le quai que les pirates se ruaient déjà à l’assaut : ils partaient littéralement à l’abordage des quais. Les soldats de Théramore, saisis d’un flottement, comprirent que les pirates leur venaient réellement à l’aide et engagèrent à leur tour une contre-attaque, s’organisant autour des flibustiers, dos à dos.

    Ce fut le combat le plus terrible que connut Théramore depuis la venue de Thrall dans les lieux. Les Elfes de Sang, et les Trolls faisaient gicler la magie de bataille, les Orcs griffaient, mordaient et entaillaient les chairs avec sauvagerie, les Réprouvés et les Maudits couraient par-devant les soldats en déroute. Mais le troisième navire arrivait et les quais furent repris.

    La bataille se propagea alors dans le reste de la cité, car nombre de combattants de la Horde se livraient déjà au pillage des maisons désertées, croyant la victoire assurée. Ils furent balayés et repoussés aux pieds des murailles intérieures.


    Protégez Jaïna !



    C’est alors que le capitaine de la garnison, un bras déchiqueté, avait surgi dans la mêlée et avait crié : « Protégez Jaïna, c’est après elle qu’ils en ont ! »

    Un effrayant mélange d’acier et de flibustiers investit alors la Tour Maîtresse et le combat s’engagea marche après marche contre les sauvages guerriers de la Horde. La progression fut terrible, mais Jaïna, retranchée dans les hauteurs du donjon, faisait pleuvoir la mort arcanique sur ses assaillants, tenant en respect les combattants les plus enragés. Pris entre deux feux, les ennemis de Théramore succombaient les uns après les autres. Le sang ruisselait des marches, rendant glissante la progression de la garnison. Mais Jaïna était sauvée.

    Sans plus d’espoir de victoire, quelques mercenaires se rendirent à Jaïna, celle-là même qu’ils avaient essayé d’abattre.

    Arnis des Pitons du Tonnerre réussit à convaincre ses corsaires de baisser leurs lames, il n’était pas temps de se sacrifier inutilement. D’autres chemins attendaient encore les marins du Trident. Des Elfes de la Maison Celwë’Belore réunirent leurs compatriotes et rendirent leurs armes également, le regard flamboyant encore de l’ardeur de la bataille. Ce n’est que plus tard qu’ils apprirent que la Consulte de Lune d’Argent Dame Siana avait pu rassembler à l’extérieur des murs des rescapés Sin'Doreïs et ceux de sa Maison puis à se désengager. De sombres combattants rejoignirent le groupe des rescapés de la Horde qui se rendaient pour protéger leurs flancs.

    Jaïna s’interposa entre eux et ses soldats, elle semblait redouter de voir enfreintes les règles de la guerre. Elle croyait encore à la loyauté et aux gestes nobles : « Ne les attaquez plus s’ils déposent leurs armes ! Obéissez, soldats ! C’est encore moi qui commande cette place ! »

    Ses yeux flamboyaient et la magie crépitait encore le long de ses doigts.

    Alors, la frénésie des combats à l’intérieur s’estompa et la vision de Théramore apparut aux combattants des deux bords. Le sol était jonché de cadavres de toutes races, le sang noir coulait lentement de mille corps différents. Les seuls gémissements des blessés coupaient désormais le silence de mort qui s’était abattu sur le donjon.


    Le soir tombe.



    Le soir était tombé. Jaïna avait relâché les combattants de la Horde qui avaient accepté de se rendre. Elle n’avait même pas essayé de les monnayer avec Thrall. Elle n’avait pas poussé son avantage.

    Mais peut-être était-ce parce qu’elle n’avait pas conquis elle-même cet avantage et refusait celui que lui offrait la Fraternité de Pavillon Noir.

    Les officiers pensaient qu’elle jouait son va-tout pour conserver la neutralité de Théramore et l’espoir de la Nouvelle Alliance. Mais bien des soldats murmuraient, regardant sombrement les combattants ennemis repartir d’où ils étaient venus, par les marais, un instant escortés par les pirates de Pavillon Noir.

    Il y aurait une fête, pour sûr. Mais Jaïna n’y participerait pas. Elle resterait longtemps penchée sur son bureau, des cartes de la région sous les yeux, son regard allant sans cesse d’Orgrimmar à Théramore. Thrall l’avait-elle trahie ? Ou avait-il été impuissant à empêcher l’attaque ? Elle ne tarderait pas à apprendre le fin mot de l’histoire, afin de se préparer aux prochains évènements.

    Jaïna serra le poing, le regard dur : elle ne laisserait plus Théramore subir sans répondre les assauts d’Orgrimmar. Elle espérait seulement que cette attaque ne serait pas suivie d’autres encore.


    ***


    Varian Wrynn apprit le déroulement des évènements la nuit même. Il resta songeur quelques minutes et laissa échapper un « bah… » maussade.


    ***


    Thrall restait pensif lui aussi. S’il se réjouissait pour Jaïna, il avait aussi contracté une dette qu’il lui serait pénible de rembourser, il en était d’ores et déjà convaincu.

    Il devrait ensuite prendre position sur les évènements. Dans ces moments-là, sa charge lui paraissait encore plus lourde qu’à l’ordinaire. Mais il saurait réactiver ses contacts secrets avec Jaïna, lorsque les cœurs se seraient rassérénés.


    ***


    A Baie-du-butin, l’Arbitre sentait ses mains trembler comme il s’approchait d’un tas de tissus informes et humides posé sur une table, d’où dépassait une main. Un des marins de son Consortium, rescapé de l’abordage de son vaisseau, leva un instant le tissu qui recouvrait également le visage du défunt et l’Arbitre, tombant à genoux, lança un cri qui glaça l’assistance et ses proches. Le cri d’un père à qui on ramène un fils.
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 8 Juil 2010 - 8:15

    Le conteur semblait désormais écrasé par la peine, comme anticipant les malheurs qu'il s'apprêtait à raconter. Certains spectateurs semblaient eux aussi touchés, redoutant quelque tragédie à venir.



    LE GOÛT DU SANG




    Par la fenêtre, les Emissaires pouvaient apercevoir le Gobelin de pierre monumental bénir, les bras ouverts, les profits de Baie du Butin, tel un messie commercial.

    A moins qu’il n’incitât à se recueillir pour le fils de l’Arbitre, qui avait péri lors de l’abordage de l’un des navires de son Consortium.

    De toute manière, l’un pouvait très bien se concilier avec l’autre, devaient se dire les Emissaires, inspirés, qui venaient autant pour adresser les condoléances de leurs Consortiums respectifs au plus puissant Marchand de Baie-du-butin que pour avaliser une lettre de change ou s’entretenir de telle commandite d’armateur. Tout au plus leur ton était-il plus mesuré qu’à l’ordinaire.

    L’Arbitre non plus n’avait pas relâché sa vigilance légendaire, dictant d’un ton sec à ses deux représentants commerciaux un taux d’intérêt à revoir ou une commande prioritaire à honorer. Les yeux du Cartel se posaient sur lui, s’attendaient à détecter une faille, une erreur, un signe de faiblesse. Dans le milieu, les requins restaient attirés par le goût du sang.

    Le goût du sang, l’Arbitre l’avait en permanence à la bouche depuis ces trois derniers jours. Il avait senti ses forces l’abandonner lorsque l’un de ses employés avait ramené la dépouille de son fils, mais il s’était vite repris, sans vraiment savoir pourquoi. Le Jeu continuait, quelque soit la pièce que l’on perdait. A ce stade, l’enjeu dépassait la « simple » perte de sa descendance.

    Le Gobelin survivant s’était caché dans la cale, à l’intérieur de l’une de ces caches censément trop petites pour vraiment permettre de se livrer au commerce détaxé mais suffisante pour dissimuler une valise diplomatique. Les pirates ne l’avaient pas trouvée. Être de petite composition avait ses avantages, et le rescapé passait pour un modèle réduit même auprès des gens de sa Race.

    C’était lui qui avait ramené la dépouille avant que le navire, sabordé par les pirates, ne sombre à jamais dans les eaux des Mers du Sud. Il avait senti l’importance de ramener le fils de l’Arbitre, qui voyageait en tant que passager de marque dans les discrètes cabines des Officiers et avait pris le risque de surcharger la planche sur laquelle il s’était laissé dériver.

    Cela n’aurait sans doute pas été possible si les deux navires pirates n’avaient pas précipitamment repris leur route vers l’ouest, sans raisons apparentes. La planche n’avait pas dérivé longtemps, la route maritime étant très empruntée. Un autre navire marchand de Baie-du-butin avait recueilli le vivant et embarqué la dépouille. Ils ne s’étaient pas attardés dès qu’ils avaient compris qu’un groupe de chasse de Pavillon Noir croisait dans les parages.

    C’était aussi simple que cela. Nombre d’espions ou d’assassins auraient pu attenter à la vie de son fils, mais il n’avait été en fin de compte qu’une victime collatérale d’un abordage au hasard, une simple erreur du sort, de choix de navire. Une statistique que l’Arbitre avait qualifiée d’acceptable dans les derniers rapports mensuels du Consortium.

    Le soir même, l’Arbitre veillait son fils. Il ne saurait même pas si la tractation avec les gnomes avait abouti. Il était le seul à avoir un contact direct avec ce groupe, il lui faudrait désormais des mois pour rattraper le coup. Il devenait presque inutile de continuer à parier sur cette option. « Aux Démons les gnomes ! » pensa avec fatalité l’Arbitre.

    L’Arbitre sentait la situation déraper, les enjeux enfler et lui échapper. En d’autres circonstances, il aurait étouffé promptement l’incendie qui menaçait et aurait essayé de reprendre le contrôle, à tout le moins de se couvrir, mais il ressentait désormais une sorte de détachement contre lequel il ne cherchait même pas à lutter.

    Il ne jouait plus pour son Consortium, qu’il ne lèguerait à personne. Il était devenu aussi dangereux pour le Cartel qu’un Maître de la Kapitalrisk. Sa position serait inévitablement remise en question si ses derniers agissements en venaient à être connus de ses pairs. Mais il avait encore le temps, juste le temps de mener l’opération à terme. Après, « advienne que pourra ! », il n’aurait peut-être même plus à rendre des comptes à ses partenaires.

    Le Baron Revilgaz lui-même précipiterait sa chute aujourd’hui, si sa position devenait intenable. « Pas d’affaires louches dans ma ville ! » répétait-il obstinément.

    L’Arbitre ricana : « Pas d’affaires louches dans ma ville ! Bien entendu, mon cher… »

    Un rire silencieux, aussi grossier qu’inattendu lui monta des tripes, interrompant l’Emissaire qui discourrait à présent sur la douleur que son Consortium partageait avec lui.

    Un instant interloqués, les deux représentants de l’Arbitre réagirent et congédièrent rapidement les autres Marchands « l’Arbitre est indisposé », calmant le représentant furieux, reportant les rendez-vous de la matinée.

    « Laissez-moi, je n’ai pas de temps à perdre à écouter les condoléances des idiots ce matin », leur dit-il lorsqu’ils revinrent dans la salle de réunion. « Finissez sans moi cet après-midi. »

    Oui, il lui faudrait accélérer la manœuvre maintenant que son fils, le seul en qui il avait eu confiance, ne pouvait jouer sa partition à quatre mains. Les actions qu’il ne pourrait mener lui-même devraient passer par des intermédiaires sans scrupules et qui ne poseraient pas de questions, qui se contenteraient de prendre l’or Gobelin si convoité… des marins, pour la rapidité et la nature des tâches à accomplir, mais qui ne soient pas Gobelins, pour qu’ils ne puissent reconstituer la trame...

    L’Arbitre prit un air de plus en plus satisfait. C’était tellement évident. Son fils y aurait songé si vite lui aussi. Le goût de sang réapparut dans la bouche de l’Arbitre, en même temps que la colère et la haine.

    En d’autres temps, il aurait refoulé ces sentiments parasites, qui ne pouvaient que nuire aux affaires telles qu’il les concevait alors. Mais à sa propre surprise, il se prit à laisser monter ces sentiments et à y puiser de nouvelles idées et une nouvelle tournure d’esprit. Le goût du sang redoubla dans sa bouche, mais il y prenait plaisir à présent, le savourait comme il pouvait parfois sucer de grosses cerises juteuses.

    Il agita une minuscule clochette, qu’il reposa sur son bureau.

    _ « Contactez cet Amiral de la Voile Sanglante et dites-lui que nous devons nous voir ; utilisez le canal crypté cette fois, que cela reste entre nous. »

    Il avait du mal à parler, comme s’il avait la langue et les joues pâteuses, et chacun de ses postillons laissait des traces rouges sur les parchemins étalés devant lui. Mais tout à ses pensées, l’Arbitre n’en avait cure. Il se mit à rédiger une missive. L’oiseau noir saurait où aller pour toucher les destinataires. Oh oui, il ne se perdait jamais.
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 8 Juil 2010 - 8:16


    Sable Rouge :


    « Les pirates des Mers du Sud étaient autrefois des matelots fidèles à l'Alliance, plus particulièrement au royaume de Kul Tiras, dont je vous parlerai lors de ma prochaine leçon. Profitant du chaos et de la terreur semés par la Seconde Guerre, ces marins se rebellèrent et fondèrent une organisation de pirates connue sous le nom de Confrérie des Pirates des Mers du Sud. Si à l’origine l'organisation est fondée par des humains, elle s’ouvre aujourd'hui aux nains qui ont perdu leur honneur et le souvenir de leur père, les malheureux !

    Voyageant sur toutes les étendues d'eau, ces pirates pillent ce qui leur tombe sous la main. Ils ont plusieurs grandes bases d'opération telles que les rivages aux alentours des grandes villes commerciales gobelines, bien qu'ils ne restent jamais sur place du fait qu'ils sont activement recherchés
    … »

    Ce cours n’en finirait jamais, pensait le jeune Cameron. Barlin Barbe-Blanche, le vieux professeur qui donnait des cours particuliers aux jeunes nains prometteurs et aux fils des bonnes familles de Menethil, devait avoir un réel fonds de cruauté pour lui imposer l’un de ses développements sur une organisation mineure et sans intérêt, qui ne semblait avoir pour activité principale que la vulgaire rapine, quand on n'envisageait pour le jeune Cameron qu'une vie faite de commerce, de richesse et d'honneur.

    Cameron laissa ses pensées dériver, le terme était bien choisi, tant la vision du Port de Menethil l'intéressait plus que son cours. Quand donc le laisserait-on naviguer sur cette étendue d’eau si vaste qu’elle séparait les continents ?

    « Jeune Nain, vous ne m’écoutez plus ! »

    Cameron s’ébroua soudain, comme lorsqu’on émerge d’une rêverie et recala d’un geste machinal sa pipe d’écume entre ses dents. Le chef local des pirates devait avoir posé une question car il le regardait et semblait attendre de lui un commentaire.


    Cameron avait du laisser une partie de son équipage croiser au large des côtes de Tanaris, afin de ne pas éveiller l’attention des navires gobelins du Port Gentepression, qui patrouillaient le long des côtes à la recherche des campements provisoires des pirates. Ses autres matelots passaient du bon temps et paressaient sur la plage en attendant la fin des tractations de leur Capitaine.

    Cameron avait des sentiments ambigus sur les négociations que menait la Fraternité de Pavillon Noir avec les Pirates des Mers du Sud.

    Il avait été choisi pour discuter avec ces pirates car entre tous, il avait une connaissance incroyablement complète des anciens marins de Kul Tiras, leurs coutumes et leur passé aussi compliqué qu’inexplicablement glorieux.

    Cette mission avait été décidée avec Achillë, le Capitaine-Armateur qui commandait avec lui à la Fraternité tout entière ; seuls les timoniers Zacaries et Crowley n'avaient pu en être informés, car ils ne rentreraient pas de chasse à temps pour assister à la réunion.

    C’étaient les Pirates des Mers du Sud eux-mêmes, via un de leurs contacts communs de la Voile Sanglante, qui leur avaient proposé cette rencontre. Être contacté par les Pirates des Mers du Sud était censé les combler par l’honneur qui leur était fait. L’une des plus anciennes organisations pirates des mers connues les avait remarqués…

    « Il faut être aveugle pour ne pas nous remarquer », avait grommelé Cameron au Conseil.

    En dépit de l’orgueil que manifestaient les Pirates des Mers du Sud, leur réseau était indiscutable, que ce soit par leur étonnante alliance avec leurs concurrents de la Voile Sanglante ou avec la Confrérie Défias ou encore leurs relations avec l’underground de l’Alliance en général.

    Si pour avoir ses entrées auprès des Pirates des Mers du Sud la Fraternité de Pavillon Noir devait aliéner ne serait-ce qu’une partie de sa liberté, ils pourraient aller se faire voir, avaient estimé tous les Timoniers présents au Conseil, sous l'oeil approbateur d'Achillë et de Cameron. Mais chacun reconnaissait que cela valait tout de même le coup d’écouter les propositions des pirates.

    Sur place, le chef des Pirates des Mers du Sud qui l’avait reçu dans son campement provisoire avait dans un premier temps avancé des propositions dans le sens de la mise en place d’une franchise des Pirates des Mers du Sud, ce qui avait fait bouillir de rage Cameron.

    Oh ! Certes la Fraternité de Pavillon Noir pourrait continuer à battre pavillon noir, mais leur pavillon de chasse devrait être celui des Pirates des Mers du Sud, qui devraient recevoir un pourcentage des butins de chasse, avec la contrepartie de se voir attribuer des territoires de chasse correspondant peu ou prou à leurs terrains de prédilection actuels, moins Strangleronce ! C’était le bouquet !

    Cameron allait naturellement les envoyer aux Démons, seule la présence massive des Pirates des Mers du Sud lui donnait à réfléchir sur les termes précis qu’il allait employer, quand le négociateur de l’autre côté avait reçu un message, qu’il était allé lire à l’écart. Cameron n’aimait pas les messages d’entre-négociations. Ils compliquaient tout, et ne faisaient que rarement évoluer les choses dans le bon sens.

    Et en effet, depuis, les négociations se trainaient : la mise en place de la franchise ne semblait plus au goût du jour, mais sans raison apparente le chef des Pirates des Mers du Sud ergotait maintenant sur des détails protocolaires et de délégation.

    Soit leur négociateur était subitement devenu idiot, soit le message recommandait de faire durer les discussions sans réelle avancée. Dans tous les cas, Cameron n’avait plus rien à faire à Tanaris.

    Le matelot qu’il avait envoyé faire un signal à leur vaisseau était revenu sans avoir pu prendre contact avec le reste de l’équipage, qui semblait avoir quitté les zones indiquées par leur Capitaine. Il n’avait pu laisser qu’un message crypté à l’un des contacts de la Fraternité en poussant jusqu’au Port Gentepression, lequel s’arrangerait pour le transmettre au navire de Cameron. Dans ce message le capitaine demandait à son cousin de mouiller sur la plage du Bout-du-Monde, où il pensait le rejoindre avec ses matelots dès qu’il trouverait un prétexte pour mettre fin aux négociations.

    Cameron s’était demandé ce que pouvait bien ficher son cousin, à qui il avait confié la direction du navire… mais il n’avait d’autre choix que de continuer à faire semblant de s’intéresser. Cameron n’aimait pas faire semblant et lorsqu’il s’ennuyait, fatalement il s’endormait : « Oui, bon, heu… hum ! Nous pourrions discuter de cela après un bon plateau de fruits de mer ! Les discussions, cela me creuse l’appétit ! Vous avez aussi de la bière ? (Bon sang, si mon père me voyait…) »

    Son interlocuteur ne tiqua pas et sembla au contraire puiser dans le rôle de composition de Cameron un certain soulagement.


    ***


    Dans la cabine des officiers du Trident du Fou, l’heure était aux décisions. Sanivar récapitulait :

    _ « Ce n’est pas la première fois que ce drôle d’oiseau nous confie une mission. Celle-ci me paraît cependant s’écarter des voies ordinaires des Consortiums du Cartel. Cela sent davantage les bonnes vieilles méthodes de Kezan ou même de la Kapitalrisk, cette façon de commanditer des assassinats.

    Bon, ceci mis à part, cela nous permettrait de venger nos pertes de la bataille de Théramore. Même si j’aimerais bien savoir comment un des patrons du Cartel peut avoir connaissance du lieu d’une réunion secrète entre les Pirates des Mers du Sud et Pavillon Noir
    . »

    Arnis écarta d’un geste de la main l’oiseau noir qui semblait s’intéresser à ses doigts, sautillant sur la table et jouant avec la patience du druide : « Nous avons des devoirs envers nos marins disparus. Si nous avions appris par nous-mêmes la tenue de cette réunion, nous aurions pu nous-mêmes décider de frapper, en représailles de ce qui s’est produit à Théramore. Que l’information nous soit servie par un gobelin n’est pas sans importance, mais il ne s’agit pas de contracter une dette envers notre commanditaire ; au contraire nous serons payés.

    Pour moi l’affaire ne soulève pas encore de difficultés. Nous avons honoré nos morts, il s’agit maintenant de les venger, ce qui est une autre manière de les honorer. Si pour cela il nous faut aller à Tanaris, eh bien soit. La récompense du Prince Marchand est suffisamment conséquente pour pallier le temps passé à naviguer et à combattre plutôt qu’à saisir des produits de contrebande.

    Et puis, cette fois nous ne pourrons pas être défaits. Les Pirates des Mers du Sud sont des pillards sans honneur, qui fuient dès que la partie semble compromise et qui n’hésiteront d’ailleurs pas à se retourner contre les pirates de Pavillon Noir. Quant à Pavillon Noir, ils ne disposeront à ce que je comprends que de la moitié d’un équipage. D’après nos informations, les trois navires pirates mouillent encore dans la rade de Théramore. Dans le doute, nous laisserons quelques uns de nos hommes renforcer les postes de surveillance du Port Gentepression... Cet oiseau va-t-il me laisser tranquille ou devrai-je l’aplatir sur la table ? Non, Woden, nous en avons besoin pour accuser réception de la mission.

    Dans ces conditions, je propose de mettre le cap sur Tanaris
    . »
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 21 Oct 2010 - 8:25

    Une nuit sur le pont du Trident du Fou :



    Arnis avait commencé à oublier depuis combien de temps il était retourné sur le Trident du Fou pour servir en tant qu’officier en second. C’était l’une des sensations qui disparaissait en premier, lorsqu’on devenait matelot du Trident du Fou, la sensation du temps qui passe.

    Est-ce que certains matelots se rendaient seulement compte des années qu’ils avaient passé à briquer le pont, hisser les voiles, scruter l’horizon, leurs cheveux s’imprégnant de sel, leurs yeux s’habituant peu à peu à discerner chaque aspect de la houle ?

    Parfois, les combats se faisaient rares. Parfois, le Trident du Fou entrait dans un période irréelle et hors du Temps.

    Entre chaque arrêt dans un port ou un autre, la vie ne semblait alors plus qu’une parenthèse au milieu de l’immensité des océans et des Mers du Sud. A moins que ce ne soient les escales qui devenaient irréelles, tous ces gens différents, inconnus, bavards, inutilement frénétiques, toutes ces couleurs qui blessaient les yeux…

    Même lorsqu’ils faisaient de l’eau sur la côte ou qu’ils découvraient une cache de contrebande, le temps ne reprenait pas toujours ses droits sur eux. Il leur arrivait de ne croiser personne pendant des semaines, de se servir dans des provisions d’étrangers et de pirates sans avoir rencontré âme qui vive.

    Dans ces moments, même les mousses et les pieds tendres apprenaient plus vite. La moindre parole claquait dans les éléments et répondait à un besoin. Hors il arrivait que des heures passent sans qu’un mot n’ait besoin d’être échangé.

    Dans ces moments-là, au cœur des murmures incessants de l’eau, des choses étranges pouvaient se produire. Des voix prononçaient des paroles que certains entendaient et d’autres non.

    Certains ne résistaient pas et se mettaient à chanter un air ou un autre pour ne pas devenir fou. Si un compagnon avait de la sympathie pour le chanteur, un tambourin ou une guimbarde se joignait au chant, pour apaiser l’angoisse ou la peur.

    D’autres encore aimaient sentir monter la folie, comme un verre d’alcool brûlant qui pouvait déborder ou l’ivresse bien après les derniers verres de trop. Quoi de plus désirable que de devenir fou sur son Trident ? Une légende colportée parmi les plus anciens matelots voulait que le Fou fût en fait incapable de s’exprimer à une personne saine d’esprit, que seul un matelot pris de folie pouvait entendre ses ordres ou ses conseils.

    Le Trident avait perdu de la sorte trois matelots ; deux avaient disparu en pleine nuit, sans que le moindre signe de ce qui avait pu se produire ait été perçu. Un autre avait pris ses armes et s’était rué sur l’officier Sanivar par un de ces après-midi suffocants qui faisaient blanchir le pont comme le squelette d’un monstre marin. Woden avait du le sabrer sur le pont, devant les autres matelots. Un mousse avait passé le reste de l’après-midi à briquer le pont sous le regard du Timonier, qui avait gardé sa lame appuyée au rebord de la barre.

    ***

    Arnis des Pitons du Tonnerre, qui avait toujours été en phase avec les cycles de la Nature était plus que tous les autres sensible à l’entrée dans ces périodes hors du Temps.

    Il savait trop bien ce que ces périodes annonçaient. L’œil du cyclone. Le calme avant la tempête. L’heure du Fou.

    Son sommeil devenait plus léger, il entendait plus que les autres également les chuchotements du Fou, sans même les rechercher.

    Après l’heure du Fou, l’heure du Loup.

    Arnis se réveilla en sursaut, le corps glacé. Il était paralysé sur sa couche. Le halètement d’un Worg résonnait dans sa cabine.

    Immédiatement, le halètement se tut. Arnis put enfin se relever. La porte de sa cabine était entrouverte, l’odeur des côtes des Tarides, un mélange de poussière et d’herbes sèches lui montait au nez mais il y avait aussi autre chose.

    La lune était gibbeuse ascendante et le pont était éclairé comme en plein jour. Arnis passa devant un matelot endormi devant la porte du quartier des officiers. Un autre matelot, endormi lui aussi, était affalé sur la barre.

    Il était là. Lui. Le Capitaine. Avant qu’Arnis ait pu ouvrir la bouche, un chuchotement siffla :

    « Laisse dormir l’équipage. Ils sont de permission hors de ce monde. C’est à toi que je souhaite parler, Druide.

    Après vous être divertis en Tanaris, vous ferez voile vers le Creux de la Côte Nord, aux Pins Argentés. Tu t’es longtemps demandé pourquoi je ne donnais pas le signal pour t’autoriser à chercher Terdein aux Pins Argentés, quand tout indiquait que c’était là-bas qu’il vous faudrait pister sa trace. Tu en as même laissé de côté tes recherches et tu t’es occupé à la guerre.

    Sache que le temps de l’attente est fini. Tu retourneras bientôt au Donjon de Fenris, Arnis. De là, tu suivras la piste du Sang. Sache que seuls ceux qui endosseront ton Mal pourront te suivre. Les autres ne sauraient se joindre à ta quête.

    Ne te trouble pas, le Mal sait choisir son porteur. J’ai toute confiance en lui.

    _ Qu’est-il advenu de Terdein ? Que ferait-il sur l’Île de Fenris ?
    »

    Mais le Fou s’en était allé. Les cris du Tauren avaient réveillé les matelots, qui reprenaient leurs postes respectifs.

    « Vous ne dormez pas, mon Officier ? » demanda le matelot Whestiane de sa voix râpeuse.

    « Si, j’y retourne ; demain la journée sera longue. De durs combats nous attendent à Tanaris. Gardez l’œil ouvert, matelot.

    _ Pour sûr ! On dirait que nous sommes sortis de la mélasse, hein Officier Arnis ? Avant un combat, on se sent plus vif que jamais.

    _ Oui, c’est souvent comme cela après une de ses visites…

    _ Mon Officier… ?

    _ Laissez tomber. Dites au matelot de barre de garder le cap Sud-Sud-est toute la nuit. Je souhaite arriver sur la Plage des Déferlantes au petit matin, mais sans avoir à longer trop longtemps les côtes. Les gobelins sont nerveux ces derniers temps.

    _ A cause de Théramore… ?
    » lança Whestiane.

    Arnis s’était déjà engagé dans le quartier des officiers mais il se retourna et pensa au drôle d’oiseau noir qui n’avait pas arrêté d’essayer de lui piquer les doigts.

    _ « C’est cela, matelot… »


    Demain serait une dure journée. Mais les jours qui suivraient ne le seraient pas moins. Le trajet serait long avant d’atteindre les côtes des Pins Argentés.

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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 21 Oct 2010 - 8:26


    Le Pacte de la Nouvelle Lune :



    Rälkezad ignorait les cris de terreur et les suppliques des victimes, il émergeait des fumées du champ de bataille, plusieurs goules autour de lui. Nul ne survivrait sur son chemin de mort…

    Dans sa tête, un sentiment de vide et de froide satisfaction. Et de puissance.

    Le Chevalier de la Mort se réveilla en sursaut et il lui fallut de longues minutes passées à écouter les bruits de l’océan avant de se persuader qu’il ne servait plus le Roi-Liche. Que cette période de son existence était révolue, qu’il ne connaîtrait plus ce sentiment de vide, d’invulnérabilité, de puissance… Les visions des batailles dont il était sorti victorieux se dissipèrent. L’odeur de fumée fut remplacée par celle de l’iode. Et le goût de la défaite emplit sa bouche d’une humeur bilieuse.

    Le Chevalier tourna lentement la tête vers la porte de la cabine. De ses orbites glacées jaillissait la colère. Son visage se crispa comme les images de la dernière bataille contre les pirates lui revenaient en mémoire.

    Il était resté au Port Gentepression avec quelques-uns de ses compagnons. Arnis les avait disposés là, pour intercepter un éventuel messager des pirates qu’ils s’apprêtaient à attaquer. Si un coursier de Pavillon Noir avait la mauvaise idée de s’arrêter ici, il ne serait pas déçu de la halte.

    Accoudé à la petite muraille de pierre, il regardait avec suffisance celui dont il savait qu’il était porteur du message que Cameron, l’Ennemi, voulait sans doute transmettre. Le lieu de mouillage de son navire…

    Ses compagnons étaient attablés avec autant de suffisance à la terrasse de la gargote de front de mer, leurs armes posées sous la table.

    Alors, viendraient-ils ? Se jetteraient-ils dans le piège tendu par le Trident et leur mystérieux informateur ?

    A la plage des Gréements le combat avait déjà du commencer. Peut-être était-il même déjà fini. Pris par surprise, les pirates qui entouraient Cameron ne devaient pas avoir posé de difficultés.

    Quant aux Pirates des Mers du Sud, ils s’enfuiraient sans demander leur reste, sans hésiter à trahir leurs « frères pirates ».


    Rälkezad avait été tiré de sa rêverie par le bruit d’une table renversée ; ses compagnons brandissaient leurs armes mais il était déjà trop tard. Les pirates n’étaient pas venus de la Mer mais ils étaient entrés subrepticement dans le port par la terre. Le combat était perdu avant de commencer et l’ennemi, en surnombre, les prenait de cours.
    Rälkezad criait « Retraitez ! Corsaires, préservez vos vies ! Rendez-vous aux ruines ! »

    Ils se frayèrent tant bien que mal un chemin jusqu’aux ruines ; les pertes étaient terribles. La dernière vision du Port Gentepression que le Chevalier de la Mort garderait serait celle de l’un des corsaires, abattu avant même de s’être rendu compte que le combat commençait, une tige de bois dans le dos, un verre intact dans la main et la tête posée sur la table.

    Aux ruines d’Ombres-du-Zénith, d’autres marins du Trident les accueillirent, certains cruellement blessés. Seuls ceux qui avaient été en mesure de courir vite en avaient réchappé.

    Arnis échangea avec Rälkezad un regard sombre. Son visage était parcouru d’une profonde cicatrice encore suintante. Un autre corsaire se faisait bander son visage entièrement et la gaze rougissait à vue d’œil. Idem la guérisseuse tremblait alors qu’elle essayait encore une fois de refermer une plaie sur le cou de l’un de ses compagnons.

    Arnis n’avait pas eu besoin de dire qu’ils avaient essuyé une lourde défaite. La cuirasse d’Angellu était fendue en plusieurs points, un liquide noirâtre en coulait. Plus loin, certains des combattants de la Sombre Assemblée qui avaient tenu à accoster au port Gentepression se tenaient réunis ; ils avaient encore le regard farouche mais ils savaient eux aussi que ce jour ils ne connaîtraient pas la victoire.

    « Comment était-ce possible ? » se demandait avec consternation le Chevalier de la Mort. « Nous ne pouvions que vaincre. Avons-nous été trahis ? Mais par qui ? »

    Rälkezad n’eut pas le temps de se poser d’autres questions ; les veilleurs annonçaient l’arrivée prochaine des pirates, qui leur donnaient la chasse comme s’ils avaient décidé d’en finir avec le Trident.

    Rälkezad regarda les blessés, dont l’état de certains empirait à vue d’œil. Il échangea avec Arnis un autre regard…


    ***


    Les orbites du Chevalier de la Mort s’éteignirent ; combien de ses camarades gisaient à présent sur le sable des ruines d’Ombres-du-Zénith ? Leurs dépouilles serviraient de pâture aux vautours et aux bêtes du désert et des montagnes, qui descendraient pendant la nuit.

    Le Trident se remettrait-il de cette défaite ? Ils avaient été à peine assez nombreux à reprendre la Mer pour pouvoir manœuvrer le Trident. Les membres endoloris de l’équipage ce soir-là montrèrent combien de matelots manquaient à l’appel.


    Maintenant, les heures sombres amenaient de nouveau les questions. Auraient-ils connu la défaite si la Puissance du Roi-Liche l’avait encore soutenu ? Leur défaite avait-elle été programmée ? Un traître se tenait-il parmi eux ?

    Ou se tenait-il parmi ceux de l’équipage qu’ils s’apprêtaient à récupérer sur l’Île de la Dispute. Un grondement sortit de la gorge du Chevalier. L’Île allait-elle mériter son nom ?

    La nuit était bien avancée et Rälkezad refusait obstinément d’accepter la défaite ou la torpeur.

    C’est alors qu’un autre souvenir, brumeux, lui vint ; une autre nuit… une autre défaite, contre les créatures des forêts des Pins Argentés cette fois, en un temps où il n’était qu’un Réprouvé comme tant d’autres, mais déjà corsaire, sur un autre navire. Le souvenir se précisa, celui de la morsure, des compagnons tombés sous les crocs, d’une ferme hantée…

    Le mot ! Oui, le mot qui avait enfermé la bête pouvait le délivrer. Il ne l’avait jamais connu lui-même, ou bien l’avait-il oublié ? Un antique langage, redécouvert par un mage déchu, aujourd’hui entouré de bêtes.

    Une nouvelle force ! Voilà ce dont avaient besoin ses compagnons. Voilà ce qu’il apporterait à ses nouveaux frères. La puissance du Roi-Liche rendait esclave, mais celle des Worgens pouvait encore apporter la force qui manquait au Trident.

    Arnis savait des choses. Des choses qu’il refusait de dire, même à la table des officiers. Lorsqu’on en venait à parler de Terdein, le Second disparu, le druide se mettait à marmonner des paroles inintelligibles et à se passer la main sur le visage. Il parlait de prix à payer plus terrible qu’on ne l’imaginait, de pacte qui coûtait plus que ce que l’on pouvait vouloir payer…

    Mais les druides étaient timorés quand il s’agissait de puissance. Quel prix plus terrible à payer pouvait effrayer un Combattant d’Achérus arraché aux griffes du Roi-Liche ? Les druides étaient plein de préjugés… contre-nature ? Quel être pouvait être plus contre-nature qu’un Réprouvé relevé Chevalier de la Mort ?

    Rälkezad se leva complètement de sa couche et ouvrit brutalement la porte, exalté par un son qu’il n’avait pas entendu depuis longtemps. Si Arnis ne voulait pas montrer le chemin, alors Rälkezad n’hésiterait pas, lui.

    Ce n’était pas sur l’Île de Fenris que Rälkezad trouverait les réponses, mais bien à Ombrecroc ! Il forcerait le Mage à prononcer le mot. Alors Rälkezad libèrerait la Bête. Et le Trident trouverait une nouvelle source de puissance, à même de balayer ses ennemis !

    Rälkezad sortit et monta sur le pont. Quelqu’un riait à gorge déployée sur le pont supérieur. Quel pouvait être le matelot dément qui riait de la sorte, une nuit de deuil comme celle-ci ?

    Mais sur le pont, aucun membre d’équipage ne riait. Une torpeur semblait être tombée sur les veilleurs. Le Chevalier de la Mort tournait son regard vers tous les coins sombres, mais nulle trace du rieur.

    Aussi soudainement que le rire avait retenti, il s’éteignit.


    ***


    Sur sa couche Arnis ouvrit brusquement les yeux dans le noir.


    ***


    En un autre lieu, un vieillard laissait porter son regard au-delà de la statue tutélaire, vers le large, un goût de sang dans la bouche et des voix plein la tête.












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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 21 Oct 2010 - 8:26


    Le crépuscule du Cartel :




    Les mères pleuraient, effondrées autour de la chapelle ardente dressée en l’hôtel particulier de l’Arbitre.

    Pas moins de trente-deux corps sans vie reposaient le long des grandes salles.

    Baie-du-Butin était frappée dans sa chair, il n’était plus une famille de la ville qui n’avait été frappée par le deuil.

    Depuis que l’un des chefs les plus importants de la Confrérie de Pavillon Noir avait été attaqué en pleine réunion secrète en Kalimdor, les attaques de convois marchands étaient devenues si fréquentes qu’il paraissait évident que le seul appât des pillages ne pouvait expliquer la férocité des pirates.

    Pavillon Noir… Oui, leurs exactions sonnaient comme une vengeance. Mais qui pouvait savoir que les évènements de Tanaris avaient été préparés ici-même et qu’après avoir semé le vent de la colère les gobelins récoltaient la tempête ?

    L’Arbitre, le regard fiévreux, avait mis son hôtel particulier à la disposition des familles pauvres de Baie-du-Butin et recevait les familles éplorées qui payaient le prix du sang. Il y avait gagné une popularité certaine et chacun se souvenait qu’il venait de perdre lui aussi son fils, dans les mêmes circonstances.

    Le Baron Revilgaz lui mangeait dans la main, l’appelant le « consolateur de leur race ». Oubliés, les soupçons, disparus, les regards aigus… les autres membres des Consortiums lui avaient même offert de quoi payer des mercenaires afin de rendre les coups portés.


    Bientôt Baie-du-Butin n’aurait d’autre choix que d’armer de vrais navires de guerre pour escorter les marchands. De nouvelles lettres de marque seraient octroyées.

    Car la population murmurait de plus en plus fort contre les anciennes façons des Consortiums de gérer le fléau de la piraterie.

    Des gobelins auparavant dociles se donnaient à présent des airs belliqueux. Ce matin même, les frères de huit disparus, dont les corps n’avaient pu être repêchés, étaient venus se recueillir sur les corps et avaient juré de les venger.


    Oui, les gobelins de Baie-du-Butin se tournaient de plus en plus vers d’autres symboles que la statue monumentale, qui ne pensait qu’aux bénéfices.

    Un changement se profilait.
    Les premiers à en pâtir seraient les misérables de la Voile Sanglante.
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 21 Oct 2010 - 8:27

    Intermède




    Baie-du-Butin : J-5.


    Les trois vieux marchands gobelins, assis sur un banc devant le quai regardaient avec inquiétude le port franc de Strangleronce se transformer de plus en plus en caserne.

    - "Té, on dirait que le recrutement des notables se déroule bien, hé ?
    - Oué, le cousin de ma bru fait des affaires, un truc du tonnerre, c'est lui qui tient la taverne du dessus, là...
    - Oui, mais bon, je vous parie ma dernière commandite que les cotisations vont bien augmenter, parce que tout ce monde n'est pas venu au simple appel du cousin de ta bru. On leur a promis de l'or, et je suis sûr que c'est de l'or gobelin...
    - Tsa ! On dirait que tu n'as pas perdu le fils de ta nièce ! Les pirates devraient tous y passer. Ces gens-là sont venus les estourbir, je te dis.
    - C'est vrai qu'ils ont fière allure, là comme cela.
    - Pis sont nombreux, surtout !"

    Un détachement de Chevaliers d'Achérus renégats martelaient les pontons de bois, leurs plaques de saronite cliquetantes, assourdissantes, les crissements des os et de la glace laissant une douleur dans les dents.

    -"Qu'esse tu as dit ?
    - JE DIS QU'ILS EN FONT DU BRUIT !"

    Un groupe tout aussi impréssionnant, composé de trolls gigantesques mené par le Seigneur de guerre Khe'zan en personne se dirigeait vers un Seigneur Sin'Doreï aux yeux rouges.

    - "Heu, ma femme m'attend, là, elle doit s'inquiéter..."

    L'un des gobelins partit aussi rapidement que le lui permettait sa fierté.

    - "Quel pétochard, celui-là."

    L'autre gobelin semblait mal à l'aise.

    - "C'est vrai que c'est impressionnant, tous ces gens d'armes. Tu crois que y'en a qui ont déjà tué des gens parmis les mercenaires que nous recrutons ?"

    L'un des trolls se tourna vers les deux vieux marchands en grimaçant, un collier d'oreilles elfes au cou.

    - "Je crois que oui" répondit lentement le premier. "J'crois qu'ils en ont pas tué qu'un.
    - Eh ben, j'pensais pas que je dirais cela un jour, mais... pour un peu, je plaindrais la Voile Sanglante.
    - Pas moi... J'crois qu'à force de semer le vent, les pirates vont récolter la tempête. Té, regarde ce qui est en train d'entrer dans le port. Regarde-le bien, parce que c'est la première fois que ce navire y entre, et pourtant, il est assez connu dans les Mers du Sud.
    - Le Trident ! C'est le Trident du Fou, c'est certain ! Le navire des corsaires répond à l'appel de Baie-du-Butin !
    - Oui, Je pense que Baie-du-Butin est en train de vivre des temps intéressants que le port n'est pas prêt d'oublier..."




    La suite dans le Crépuscule des Cartels, un blockbuster automnal avec Pavillon Noir, le Cartel Zircontusion, le Cercle Spirituel, la Légion des Lames, le Trident du Fou et bien d'autres ! Après les frimas du Norfendre, l'ambiance des Mers du Sud sera chaude-bouillante !

    Le Crépuscule des Cartels, une franchise Saga des Mers du Sud !




    ***



    Bübbles, de Pavillon Noir, nous livre son récit, peu après la bataille du Crépuscule des Cartels. Ce récit s'inscrit dans la Saga, naturellement.



    Le pont du navire de la voile sanglante était désormais jonché de cadavres de toutes sortes, de grosses tâches de sang noirâtres en maculaient toute l'étendue. L'odeur de charogne ne tarderait pas à attirer une partie de la faune environnante. Au bruit terrible du fracas des armes succéda un silence assourdissant : celui de la mort et de la désolation.

    Les combats acharnés n'avaient laissé aucun des deux camps indemnes et même les pirates les plus endurcis se souviendraient de ce jour à jamais. D'abord débordés par leurs assaillants qui réussirent à prendre pied sur le rivage cruel, les soudards du Pavillon Noir, repliés dans les bateaux de leurs alliés de la Voile Sanglante durent tant bien que mal résister aux assauts ennemis. Avec un entêtement qui fleurte avec la folie, réprouvés, orcs, trolls, taurens et elfes de sangs tentèrent jusqu'au dernier de prendre possession des trois vaisseaux. En vain.

    Au milieu de se carnage, un gnome, visiblement marqué par ce déchaînement de violence, parait sonné, les yeux perdus dans le lointain.

    - Que le Grand Ingénieur nous pardonne....

    - Qu'est-ce qu'il a encore 'trois pommes'? T'es pas jouasse mon gars? Lui lança Cameron qui passait par là, hésitant entre l'amusement et le dégoût face à ces atermoiements de pied tendre.

    - Je ne m'attendais pas à....

    - A quoi ma gueule ? Tu croyais qu'on allait tous se donner la main et faire une grande farandole autour d'un feu de camp? T'es un pirate mon gars, autant t'y habituer. Aller viens descendre quelques bouteilles de Rhum avec nous. On est encore vivants, y'a qu'ça à retenir de cette foutue journée.

    S'arrachant à ses rêveries, le gnome porta son regard sur la troupe des pirates. Déjà bien avancés sur le chemin qui mène à l'ivresse, ceux-ci dansaient et entonnaient en coeur tout un répertoire de chansons paillardes, comme si rien ne s'était produit. C'était ça, sa 'famille' désormais. Et Cameron avait raison, il devrait bien s'y faire. Après tout se dit-il, mieux valait avoir ces gaillards là avec que contre soi.

    - Il reste du Rhum ? finit-il par s'entendre dire.


    Dernière édition par Rälkezad le Jeu 21 Oct 2010 - 8:33, édité 2 fois
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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 21 Oct 2010 - 8:27

    Le Crépuscule des Cartels (compte-rendu final) :





    Rälkezad marchait le long du Rivage Cruel. Comme il portait bien son nom ! Les voiles rouges avaient maintenant disparu de l’horizon et ne restaient plus que les morceaux de chiffon qui parsemaient la plage, parfois ramenés par les vagues.

    A l’intérieur de ces morceaux d’étoffes gonflées il y avait des Hommes, des Elfes, des Nains et d’autres créatures de l’Alliance. Mais il y avait aussi tellement d’autres races représentées, des Orcs, des Taurens, de jeunes Sin’Doreïs et des restes décharnés que l’on ne souhaitait plus identifier… les goules levées pour le combat se repaissaient indifféremment de tous, achevant les blessés dans d’horribles gargouillis.

    Rälkezad s’arrêta un instant comme les vagues ramenaient mollement deux corps de plus, enlacés dans un geste d’amour marin… en y regardant de plus près, il vit que les deux êtres enlacés s’étaient poignardés mutuellement et avaient expiré dans leur mortelle étreinte.

    Le Chevalier de la Mort sourit à la pensée de cette journée… il ne se sentait jamais aussi vivant que lorsqu’autant d’êtres mouraient en si peu de temps ; lui restait et se promenait au milieu des morts, sentant les âmes errer encore un peu sur les lieux et se lamenter sur la fin de leur existence.

    A cette heure, peu lui importaient les calculs et les lendemains. Dans son esprit les images se mêlaient, la Main de Tyr et la Plage se fondaient dans un même sentiment de victoire, qui engourdissait son cerveau.

    Les paroles lui revenaient, passant outre toute volonté consciente de les prononcer.

    _ « Pour vous, Mon Seigneur, nous avons triomphé, encore... »


    ***


    Arnis et Idem arpentaient eux aussi le Rivage Cruel, se hâtant vers un râle étouffé ou le cri déchirant d’un mutilé. Il fallait faire vite pour devancer les horreurs qui continuaient de nettoyer la plage et sauver un allié s’il pouvait l’être.

    Un jeune Orc des Tarides, à terre, hurlait comme un dément, serrant contre lui ce qui se révéla être sa main droite, détachée de son poignet par une lame dentelée. Idem lui apporta les soins d’urgence mais il ne combattrait sans doute jamais plus.

    À quelques pas de là, un Kaldorei agonisait, calmement, de ses nombreuses blessures. A son cou le signe de Cénarius continuait à briller. Arnis et l’elfe échangèrent un long regard, puis le Kaldorei expira en un long soupir, les yeux toujours grand ouverts.

    Sanivar s’approcha d’Arnis, et tourna son regard vers le Kaldorei. Souriant d’un air satisfait, elle s’accroupit auprès de l’elfe. Lorsqu’elle se retourna vers Arnis, son sourire était écarlate et humide et des morceaux de chair blanche lui collaient les cheveux : « Belle bataille ! Quel dommage que tant d’ennemis en aient réchappé ! Enfin, il faut bien qu’il en reste pour la prochaine fois. »

    Arnis releva la tête, parvenant enfin à détacher son regard de celui du Kaldorei. Il regarda la terrible maîtresse des Démons d’un air sombre.

    « Nous ne pouvions pas perdre cette bataille. Mais nos ennemis ont fait montre d’une habileté effrayante. La résistance était le fait des pirates de Cameron, qui ont su organiser les bandits de la Voile. M’est avis que nous n’avons pas fini d’entendre parler de Pavillon Noir, » finit-il en se retournant vers Idem, qui regardait Sanivar avec une fascination horrifiée.


    Arnis replongea dans les frais souvenirs de la bataille, ne se souciant plus d’Idem qui pointait d’un doigt accusateur les cheveux souillés de Sanivar…

    Oh, pour sûr, notre armée était terrible ! Comment ne pas deviner l’issue des combats ?

    Les mercenaires de Baie-du-Butin avaient été harangués par le belliqueux Chevalier de la Mort ; ils étaient sortis dans un fracas de tonnerre du Port Franc, la compagnie de Khe’Zan, les mercenaires du Cartel Zircontusion, les Sin’Doreïs de la Légion des Lames et les corsaires du Trident.

    Lorsqu’ils avaient pris position au Nord du Rivage Cruel, les quelques 3.000 combattants avaient formé une ligne formidable. Mais les compagnies avaient reçu leur premier choc. Les camps d’ordinaire sans discipline des pirates de la Voile Sanglante avaient été ordonnés derrière des palissades pointues, rendant dangereuse la charge montée initialement prévue.

    C’est donc pied à pied que Chevaliers d’Achérus, Nobles Sin’Doreïs, Trolls Sombrelance et mercenaires de tous les horizons de la Horde avaient engagé les pirates de la Voile Sanglante et de Pavillon Noir. Ils avaient chargé à pied, ralentis par un sable retourné de frais.

    Après des combats d’une violence inconcevable, ponctués d’assauts trolls et de pyrotechnies sur la plage, les pirates avaient retraité sur les îlots aux pieds des rades naturelles.

    Les assaillants comprenaient enfin que la Voile Sanglante avait anticipé l’attaque ordonnée par Baie-du-Butin. La résistance n’avait pour but que de contenir les assauts suffisamment longtemps pour permettre de réembarquer hommes, butins et provisions des plages.

    Les archers et sorciers de bataille faisaient pleuvoir la mort sur les assaillants qui pataugeaient dans les fonds entre les îlots et la plage. Les pertes étaient terribles. Sans nul doute les mercenaires mériteraient l’or des gobelins.

    Lorsque les combattants mercenaires prirent enfin pied sur les îlots, la plupart des navires avaient pu larguer les amarres et quitter les hauts-fonds.

    Si quelques embarcations brûlaient, les amarres encore attachées, les navires les plus puissants avaient pu s’éloigner sans dégât, entourés de nombreuses chaloupes.

    Il ne restait plus qu’à décompter les pirates tombés pour le partage des primes.


    Arnis était toujours pensif lorsque les compagnies rentrèrent à Baie-du-Butin sous les vivats de la population.

    A l’évidence, sone esprit était loin, peut-être déjà en mer.


    ***


    Accoudé à la balustrade du pont avant, Cameron regardait le rivage s’éloigner en souriant.

    A côté de lui, l’un des amiraux de la Voile Sanglante semblait terrassé par les conséquences des combats de la journée.

    _ « Ne comprenez-vous pas, Cameron, que c’est un désastre ? Où irons-nous à présent ? Strangleronce a toujours été notre base d’opération ! Et vous ? Que ferez-vous maintenant ? Vous semblez fêter une victoire ! Vous ne m’écoutez pas !

    _ Assez, amiral. Cette journée n’est qu’un épiphénomène qui n’a eu que du bon, pour nos deux partis. »

    L’officier de la Voile ne semblait pas comprendre. Bien sûr qu’il ne comprenait pas. C’était un imbécile patenté, tout juste bon à perdre des batailles sans rien voir de l’horizon. Allait-il lui expliquer ? A quoi bon…

    Cameron soupira : « Avez-vous seulement remarqué que c’est la Horde qui vous a chassé ? Que c’est la Horde qui a répondu à l’appel de Baie-du-Butin ? Pas un mercenaire des peuples de l’Alliance n’a répondu présent.

    Si j’étais un habitant de Baie-du-Butin, je m’en alarmerais…
    »

    L’Amiral de la Voile plissait le front.

    Cameron haussa les épaules et continua de sourire. Le temps des compte-gouttes était passé. Fini les abordages ponctuels d’un navire ou le sabordage d’un autre. Baie-du-Butin lui paraissait à présent mûre, comme un gros fruit juteux qui ne demandait qu’à être cueillie. Tout cet or qui dormait dans les coffres Gobelins… jusqu’à déborder dans les mains des mercenaires… une bonne partie du capital d’Azeroth, aux mains de ces créatures méprisables, même pas capables de se battre elles-mêmes…

    Zacaries s’avança vers Cameron, un pigeon dans le poing : « notre première réponse, Capitaine. Ils viendront.

    _ Naturellement, qu’ils viendront. Il vous reste du rhum, timonier ?
    »



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    Message  Rälkezad de Glace-Sang Jeu 21 Oct 2010 - 8:29



    La chute de Strangleronce.




    Dans la chambre au plafond bas, le lit à baldaquins semblait une tombe recouverte d’un suaire.

    Ne manquait même pas le gisant.

    Mais le dormeur n’était pas mort, et tournait la tête dans un sens et dans un autre comme pour tenter de ne pas voir la suite de son cauchemar…


    Toute la jungle était en feu. Strangleronce brûlait à présent et de lourds rideaux de fumée huileuse s’élevaient. Les oiseaux tournaient par milliers au dessus de leurs nids perdus en contrebas comme frappés de folie. Les Cogneurs avaient fini de barricader les portes menant à la jungle. Personne n’était plus attendu par ce chemin que la Mort elle-même.

    La population de Baie-du-Butin se massait sur les toits et observaient dans un silence de plomb les fumées se transformer en formes menaçantes.

    Lui était suspendu par une corde à un mât planté sur le quai, les mains liées. Mais il n’avait plus mal. Il regardait avec terreur les fumées noires se rapprocher de la Cité, tels des démons fuligineux et gémissait doucement, ses sanglots n’entraînant que des ricanements de la part du Baron, qui leva la tête vers lui.

    « Le spectacle vous plaît, Arbitre ? », demandait-il.


    Il se réveilla en sursaut et plongea dans les bras de son secrétaire qui le secouait doucement, une chandelle posée sur le meuble voisin. A la lueur tremblante de la bougie, le secrétaire nota les taches noires sur l’oreiller, qui faisaient comme des aréoles. Il lui faudrait le refaire changer demain.

    L’Arbitre pleurait comme un enfant : « Je n’ai jamais voulu cela… »

    De la bave et des mucosités coulaient sur le cou du serviteur, mais celui-ci ne laissa rien paraître qui pu ressembler à du dégoût. Au contraire son visage exprimait de la pitié.

    _ « Chhhut, Seigneur, vous n’avez fait qu’un mauvais rêve, ne vous inquiétez pas, il n’y a que nous dans la demeure, comme vous l’ordonnez chaque soir. Il n’est rien qui ne doive troubler votre sommeil…

    _ Je n’ai jamais voulu cela, vous le savez bien… ?

    _ La disparition de votre fils ne doit pas vous accabler de remords, les pirates ont été pourchassés jusqu’au dernier et votre fils a été vengé. Tout va bien… »

    Les paroles du secrétaire apaisaient le vieux Gobelin, même si elles étaient creuses. Le serviteur ne pouvait pas se douter que la mort du fils ne pouvait pas être vengée, car il eût fallu pour cela tuer le père.

    Non plus que les cauchemars qui réveillaient l’Arbitre n’avaient pas pour cause la douleur du deuil mais celle plus insidieuse de la culpabilité.

    Le vieillard se satisfaisait pourtant de cette pitié, des mensonges grâce auxquels elle était donnée. Oui, même à cette heure sombre de la nuit, l’Arbitre se sentait incapable de faire acte de vérité ou de rechercher autre chose qu’une satisfaction à son besoin le plus immédiat.

    Il profitait de l’étreinte de son secrétaire, le seul serviteur qu’il tolérait désormais sous son toit la nuit tombée, lui qui n’avait jamais étreint son fils. A cette heure-ci pourtant, le vieux Gobelin savait qu’il finirait par payer le prix de ses actes, avec les intérêts.

    Lui qui n’avait jamais aimé les mauvais payeurs il recherchait à présent les moyens de recevoir des délais. Sa conscience lui en donnait autant qu’il en voulait, mais d’autres créanciers n’allaient pas tarder à apparaître, il le savait.

    Quelques minutes plus tard, le secrétaire refermait la porte de la chambre de son maître et repartit vers son propre lit d’une démarche fatiguée.


    ***


    Dans l’obscurité de la chambre aux plafonds bas, l’Arbitre reposa sa tête sur l’oreiller en poussant un soupir d’enfant. Puis son regard devint fixe et il bloqua sa respiration.

    Des bruits de pattes griffues cliquetaient sur le parquet de la chambre, s’approchant du lit…

    Il essaya de ne pas entendre le halètement de la bête, qui s’assit sur son arrière-train et semblait le regarder à travers les ténèbres, se moquant de lui.

    Oui, car s’il commençait à l’entendre à son tour, c’est que les vrais ennuis n’allaient pas tarder à arriver.


    ***


    Dans une salle de pierres froides, loin, bien plus loin au Nord, un Homme d’une stature imposante contemplait la bannière qui couvrait une partie du mur, comme en prière devant elle.

    La lettre L qui ornait la bannière avait quelque chose de funeste, comme un de ces souvenirs qui appellent les morts par milliers.

    Des pas lourds se rapprochaient le long du couloir de pierre, et avec eux le cliquetis des armures de guerre du Nord.

    _ « Messire, un message des pirates pour vous.

    _ C’est bien. »

    L’Homme se retourna. Son regard reflétait une douleur glacée, et tout au fond cette folie sans limite dont on fait les guerres les plus insensées.

    _ « Pour Lordaeron !

    _ Pour Lordaeron ! », répondit le légionnaire de fer.





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