Message de Ralkezad :
ACHERUS, tombée de la nuit, 1 jour après la dissolution du Concile de Lune d’Argent.
Rälkezad se tenait en un des Hauts Lieux d’Achérus. Son regard se portait sur le Septentrion. Derrière lui, d’autres Chevaliers de la Mort se tenaient eux aussi dans l’attente. Une tension inouïe semblait les tenir en éveil, comme si les mouvements de ces êtres faits pour la Mort et la Domination étaient retenus par un fil invisible.
Puis vinrent les Ailes Noires d’Achérus. Les Corbeaux du Norfendre. Les multiples Messagers de l’Ordre. Par nuées ils rejoignirent le Fort d’Ebène. Leurs criaillements devenaient assourdissants, enveloppant le sommet de la Nécropole, cette antique machine de guerre désormais immobile.
Le Réprouvé pencha la tête en avant, puis les autres Chevaliers l’imitèrent, comme pour écouter le message des Ailes.
Puis comme un seul être, les Chevaliers tendirent leurs épées runiques et la brandirent vers le ciel en hurlant un cri suraigu.
Apparurent alors les monstrueuses montures décharnées des Chevaliers, battant lourdement des ailes et qui se posèrent pesamment sur le toit de l’Achérus, ajoutant leurs cris glaçants à ceux des Ailes Noires. Un à un, les Chevaliers montèrent sur les destriers volants et coiffèrent leurs casques de guerre.
Rälkezad se tourna vers ses compagnons et sa voix assourdie par le casque n’en était pas moins forte : « Le Concile n’est plus ! Quel’Thalas est mûr pour la Paix d’Achérus ! Que nos alliés fassent route, que les corsaires mettent toutes voiles dehors, que les couteaux brillent dans la nuit encore jeune !
Rejoignez à présent vos commandements. Les frontières et les Marches du Royaume des Elfes nous sont ouvertes. Entrez et professez notre foi en notre Paix ! Que nul n’ignore plus nos préceptes ! Montrez le visage inflexible de la Paix du Nord, de la Paix… d’Achérus ! »
Les montures volantes quittèrent alors le sommet de l’Achérus, environnées par les corbeaux. Chacun semblait prendre une direction différente, mais tous allaient vers le Nord du continent de Lordaeron.
Eaux territoriales elfes, même nuit, pont du TRIDENT.
Arnis des Pitons et la cruelle Sanivar se regardaient. L’un avait l’air d’attendre que le vent se lève. L’autre avait l’air de s’ennuyer ferme.
Arnis se tourna vers l’Est. Une brise pointait. Il l’avait attendue toute la journée. Il n’était pas déçu. Bientôt le vent ferait lever des vagues impressionnantes, dans un paysage marin comme le Trident les affectionnait.
Mais pour l’heure, les corsaires vaquaient à leurs manœuvres dans une trompeuse quiétude, en cette nuit encore calme. Les plus novices semblaient se demander ce que le Trident faisait si près des côtes du Royaume Sin’doreï. Les autres savaient qu’un évènement d’importance se préparait. Tous les officiers étaient sur le pont et semblaient attendre un évènement, qui ne se produisait pas, contre toute attente.
Puis la vigie cria d’une voix étranglée : « Les Ailes Noires arrivent ! »
Bientôt, tout l’équipage pu voir les messagers d’Achérus se diriger vers le vaisseau. Sanivar lança un regard à Arnis, qui hocha sombrement la tête. Muisak et Artifax se dirigèrent rapidement vers les deux Seconds, prêts à relayer les ordres qui allaient bientôt claquer.
Un corbeau se posa sur la rampe et Sanivar prit le message attaché à sa patte, évitant avec adresse l’habituel coup de bec.
« C’est fait. Le Concile s’est dissous lui-même. Nos partisans n’attendent que notre signal pour commencer. Les anciens du Concile sont encore influents. Leurs Maisons décadentes peuvent montrer de la résistance à l’intérieur de Lune d’Argent. Mais ailleurs dans le Royaume, ce sont les nôtres qui prévaudront. »
Arnis fronça les sourcils : « Je ne veux pas d’impair. Nous sommes suffisamment puissants pour prétendre éviter les effusions de sang. Mais envoyez malgré tout le signal. »
Les officiers se tournèrent alors vers le pont et braillèrent au-dessus de la rampe du pont supérieur :
« Toutes voiles dehors, corsaires ! Nous mettons le cap sur Lune d’Argent ! Préparez le matériel d’abordage ! Hissez le pavillon Rouge de la Horde ! Que nul ne roupille ! Que nul n’hésite ! Pour le Trident, activez-vous, par la Légion Ardente et les Titans ! »
C’est le moment que choisit la brise pour devenir un vent de plus en plus furieux, faisant claquer les voiles.
L’agitation calculée de l’équipage, son efficacité, son allure redoutable, tout cela faisait sourire Arnis.
Le Tauren se tourna vers deux corsaires Sin’doreïs, qui se rapprochaient lentement du carré des officiers : « Vous allez bientôt arriver à vos fins. Le Trident remplit toujours sa part du contrat. N’oubliez pas d’en faire autant de votre côté. Je ne veux pas que cette opération tourne à la vendetta entre Maisons. Je ne veux pas que le sang d’un peuple allié coule au nom du Trident. Tenez-vous le pour dit et tout ira bien. »
Les deux Sin’doreïs se regardèrent. Un sourire déplaisant naquit sur leur visage, où la détermination et les desseins secrets se disputaient une mortelle envie de revanche.